les ténèbres devraient nous craindre

TU L'AVAIS DIT ! TU LEUR AVAIS BIEN DIT ! Jubile, exulte, sourire jusqu'aux yeux que tu tentes de cacher - c'est malpoli d'afficher de la joie à une cérémonie funéraire, il parait, alors tu caches comme tu peux le sentiment que toute cette mascarade te procure. Il n'a même pas été exposé, le corps. Trop amoché, trop effrayant pour le commun des mortels. Une vraie lettre de menace à chair humaine. Observe le plafond un instant, laissant tes pensées devenir souvenirs. Tu as entendu les rumeurs, il y a déjà plusieurs mois. Plusieurs mois aussi que tu enquêtes sur elles, que tu fais jouer tes capacités d'informateur et ton réseau dans l'espoir d'empêcher les ténèbres de déferler sur l'Empire. Tu es revenu donner le fruit de tes recherches à l'Empereur lui-même, mais trop tard pour empêcher la tragicomédie que tu observes, caché derrière l'ombre la plus vivace de l'édifice. Tu ne pensais pas que l'archonte Ecthalion serait le premier à sombrer, mais tu dois bien avouer que le Bras de la Rédemption sait choisir les émissaires de sa terreur. Et tu dois bien avouer t'être trompé sur un point : tu ne pensais pas qu'iels agiraient déjà, qu'iels sortiraient de l'ombre si tôt. Sans doute d'ailleurs sont-iels parmi vous, parmi les gens rassemblés pour la cérémonie. La famille impériale toujours présente sur les lieux, tu ne peux te permettre de t'éclipser déjà, laissant la jeune veuve s'échapper où qu'elle puisse. En voilà une qui ne doit pas se sentir bien en sécurité à présent, que tu penses avec un certain détachement, replongeant ton regard sur l'assemblée. Un paladin te tends une affichette, que tu froisses presque immédiatement pour la mettre dans ta sacoche : tu sais déjà très bien quel est le danger que représente cette nouvelle guilde infernale avec leur volonté de destruction raciale. Comme s'il n'y avait pas suffisamment d'ennemis, il fallait que ça s'ajoute. Surtout que, cette fois, tu es l'un des plus visé par cette menace. Long soupir qui s'étale sur tes lèvres, dos tourné contre un pilier sur lequel tu t'avachis. Passe ta main contre ton front, te laissant l'opportunité d'être un peu moins sur tes gardes, vu le lieu, vu la sécurité, même ceux qui mènent leur purge illusoire ne pourront pas faire grand chose. Tant que tu gardes ta magie secrète, et que tu continues de passer inaperçu, tu peux laisser les soldats faire leur boulot. Ta gourde portée à tes lèvres, tu laisses le liquide rougeâtre descendre dans ton gosier, trinquant à cette nouvelle ère de terreur.

Spoiler:

les ténèbres devraient nous craindre
intrigue n°1 - libre à vous de vous joindre à Eryn.

Empire devient chaos quand l'un de ses piliers s'effondre ;; archonte devenu poussière sous les barbaries de l'Enfer. Salle du trône devenue église de fortune ;; le monde se hâte pour ne rien manquer. Les murmures ne cessent de prononcer le même nom - Purificateurs du Bras de la Rédemption. Inconnus devenus terreurs ;; tous craignent pour leur vie. Les yeux rivés sur la veuve éplorée - Eryn reste muette. L'assemblée semble avoir une épée de Damoclès au-dessus d'elle ;; plus personne n'est en sécurité. Brise-aube prête à se colorer du sang d'autrui - Eryn devait s'y préparer. La mort avait caressé son échine à de nombreuses reprises, mais aujourd'hui, tout semblait différent ;; elle n'était pas la seule à être visée - la faucheuse allait bientôt user de sa faux à maintes reprises... elle le sentait. Ces funérailles n'étaient que les prémisses d'un vaste et funeste destin ;; sécurité devenue fumée, la guerre était là. Inévitable.  

Veuve s'extirpe de la cérémonie dans un silence funèbre - Eryn pose les yeux sur le parchemin distribué. Soupir s'échappe soudainement entre ses lippes ;; pouvoirs deviennent fardeaux. Ce qu'elle s'est efforcée de rejeter toutes ces années semble aujourd'hui vouloir causer sa perte - refusant que sa vie ne soit extirpée pour ce qu'elle n'a jamais voulu utiliser, elle se doit de prendre les armes. Plus que jamais.
L’air devient étouffant ;; des larmes coulent sur les joues d’autrui, des femmes serrent tendrement leurs progénitures, d'autres regardent leurs époux comme s'ils partageaient leurs derniers instants.
Froissant avec colère le bout de papier entre ses mains, Eryn prend congé à son tour pour rejoindre l'extérieur de l'immense bâtisse. L'air pur s'immisce doucement dans ses narines, réduisant les battements de son cœur, faisant taire le feu qui brûlait son être. Elle ne sait où aller, ni quoi faire ;; le regard posé dans les cieux, son souffle se rompt soudainement devant le futur qui s'impose dans la psyché ;; Atalan allait devenir un champ de bataille à ciel ouvert et nul ne pouvait -pour l'instant- s'y opposer.    

Se tient aux côtés de @Círyon Helemys et de @Ringer Bellona, hanté par la culpabilité qui l'assaille. Les ailes carmines n'ont pas su déceler assez tôt la menace. S'il se moque de la mort de cet archonte insignifiant, des pleurs liturgiques de sa veuve, la menace inconnue qui vagabonde sur l'assemblée ne peut laisser le conseiller des ailes de marbre. Son regard acerbe scrute l'horizon.
Il n'a pas su voir la menace à temps. N'a pas accepté d'écouter les quelques suspicieux.ses et leurs craintes, saisi d'un instinct de supériorité qu'il regrette amèrement aujourd'hui. N'ose pas vraiment soutenir le regard de son empereur, alors que par sa faute, l'empire tout entier se retrouve secoué de cette vague mortifère.
Et les rumeurs enflent, enflent, deviennent cris.
Le danger est désormais profondément réel. Tristement ancré dans la réalité. Syn a pu voir le corps de l'archonte, et ne souhaite à personne une telle vision morbide. De sa magie a été puni. Syn l'a toujours dit, bien qu'il n'oserait ce jour s'en vanter - rien ne vaut la force brute, le bras de la vengeance qui lui permet de porter haut sa brise-aube. Ce bras rédempteur qui désormais menace l'empire.
L'empire, contre-attaque. /pan/

Distingue le visage de noir maquillé de @Nomade au loin dans l'assemblée. Il retient un sourire dont le voile semble pourtant se dessiner nettement sur son masque. Sous les cris éplorés de la veuve, il se comporte encore comme une bête affable - Syn ne peut deal avec sa culpabilité, et c'est d'un geste rageur qu'il se rapproche de l'ombre, sans porter la moindre attention à @Jasper Aurdoza pourtant en train de questionner, crache un vulgaire « Range ton sourire, abjecte fange, ou je te le fais bouffer. »
Il faut dire qu'il prévenait depuis des mois déjà, de longues, longues semaines, mais tout ce qui sort de sa bouche d'abjection ne mérite pas qu'on y prête attention. C'est du moins l'avis virulent d'un Syn inquiet pour son empire et blâmable de n'avoir su déceler la vérité au creux de la confusion.
Quitte l'assemblée pour prendre l'air, l'assassin carmin, alors que sa poigne se renforce sur sa brise-aube. Il serait capable de commettre un massacre, tant ça hurle sous son crâne. Tempétueux orage se profile, et les yeux n'ont plus confiance en ce qu'ils voient.
C'est sur la silhouette rassérénante de @Sora qu'il tombe, à l'extérieur de l'imposante bâtisse. Cela fait longtemps, longtemps, qu'il n'a plus glissé ses orbes en ses prunelles du passé. Pourtant, sa vue seule fait naître sur son masque de rage un vague sourire délicat. « A toi aussi, l'air du dedans semble contaminé ? »

Spoiler:

Tu t'es retourné trop tard de la vue de cet assassillon en chef, mais c'est tant mieux. Qu'il le voie, cet avertissement. Qu'il la ressente, cette honte et cette culpabilité de ne pas t'avoir écouté. Comme toujours. Tu leur avais dit et il n'a pas écouté. Comme toujours. Tu échappes un gloussement entre deux gorgées de ton vin, et te rends compte que ce qui t'a échappé n'a pas échappé à d'autres - le regard outragé que certains te jettent te pousse à boire à nouveau une gorgée pour leur éviter de faire face à ton sourire impromptu. Oh, qu'ils se détrompent, tu ne te réjouis pas vraiment de la mort de l'archonte, tu ne le connaissais pas vraiment après tout, n'avait ni anicroche ni animosité, mais tu es ainsi fait que tu trouves même dans les pires moment, de quoi t'amuser. Ou que les dieux semblent mettre sur ton chemin tout de quoi paver ta vie d'amusement. @Jasper Aurdoza. Tu te rappelles de ce gamin perdu en quête d'une famille qu'il n'aurait jamais pu trouver auprès de vous. De ce gamin qui n'a qu'à peine quelques années de moins que toi mais, à l'époque, cela te semblait un tel fossé, une telle différence, quand tu te voyais dans les yeux de ce jeune homme admiratif. Il se tiens, à distance sécuritaire et tu retiens in extremis et à grand peine un second gloussement à sa question qu'il ne pose pas vraiment. « Oh mais si ce n'est pas ce cher moussaillon ! » Tentes d'écraser la distance entre vous dans une espèce de fausse menace, de fausse complicité, quand tu es arrêté par @Syn Bates qui visiblement, a des crampes d'estomac suite à un trop plein de culpabilité. Le sourire qui était pourtant évident malgré ta tentative de le masquer, est affiché clairement dans son dos quand il s'éloigne. Abjecte fange, qu'il assène. Tu sais qu'il aurait été prêt à dégainer et à tenter de te trancher la gorge - ce ne serait pas la première fois, mais tu sais qu'il en aurait subi les foudres de @Ringer Bellona présente elle-aussi dans l'assemblée. Ta cheffe préférée, qui cherche souvent à faire tampon entre vous. Tu lui apporterais bien des douceurs tout à l'heure, histoire de la dérider un peu. Tu ne réponds pas autrement à ton cher conseiller qui a âprement raté une occasion de briller qu'avec ce sourire d'une moquerie cosmique, réfléchissant plutôt à comment l'emmerder lors de votre prochaine rencontre, que tu espères rapide. Pavanant déjà, oubliant presque l'endroit et le lieu et le fait qu'il s'agit d'une réunion sensible - heureusement que tu es en partie caché - tu te recentres sur le petit Jasper, devenu un si beau jeune homme depuis. « Ça faisait longtemps ! » Et on ne sait pas trop si tu dis ça par rapport à l'insulte que tu viens de subir, ou si tu es vraiment content de revoir le corsaire. « De quels purificateurs parles-tu? » Tes yeux pétillent, peut-être ton sarcasme est-il trop évident. « Ces meurtriers ? » T'emphases sur le terme, teintant tes mots de menace. « Tu n'as pas reçu ce papier ? » Lâches-tu en lui tendant celui, froissé, que tu viens de sortir de ta sacoche pour l'y remettre juste après qu'il t'aie répondu. C'est qu'il n'est pas tentant de trop en dire, puisque de toute façon, on ne te croit pas.

Spoiler:

Mes os vibrent de désarroi ; émotion que je n’ai plus l’habitude de côtoyer depuis longtemps. Heureusement le monde m’a depuis longtemps appris à rester de marbre face aux émotions, encore plus quand les sanglots de crécelle de la veuve éplorée se répercutent dans les lieux mortifères. Un peu de dignité, bon sang. Les larmes n'ont jamais rien arrangé.
La colère non plus.

Je suis en train de discuter avec un noble inintéressant quand mon oreille de chat se dresse, mon sixième sens désabusé face à Syn qui se comporte comme un enfant auprès de Nomade. Je voudrais réagir mais n’en ai pas le temps, le sourire figé face à une Lyra Donnell intéressante, qui me parle composition florale et choix musicaux pour cette veillée funéraire.

Je reprends une gorgée de vin, espère ouater les cris sous mon crâne. Je hausse un sourcil en heurtant le regard de Nomade, qui doit pouvoir lire tous mes points d’interrogation (et d’exclamation) dans mes yeux. J’effleure l’assemblée du regard, tombe sur la princesse héritière qui n’en a que le nom et peut-être pas l’étoffe – mais je suis bien placée pour savoir qu’elle se façonne, l’étoffe, qu’on devient ce que l’on est, qu’on ne le naît pas – pousse un petit soupir en fuyant les conseils criards d’une Lyra qui ne comprend plus comment le monde doit tourner, du haut de son grand âge. Je n’ai aucune envie d’aller faire des remontrances à Syn devant une foule de regards curieux, préfère lui garder une punition plus délicieuse dans les ténèbres de notre intimité. Je préfère me faufiler vers Nomade, accompagné d’un charmant damoiseau dont le nom m’échappe. Plus pour longtemps. Car je reconnaîtrais la curiosité entre mille, et surtout, amis de Nomade sont amis du chaos. Un chaos que je me plais à dompter et que l’on amènera pas à ma cour en toute impunité. « ’Lut, Nomade, me contenté-je de souffler en arrivant à sa hauteur, sachant pertinemment qu’il aimera ma désinvolture si inadéquate pour les lieux. » Comme lui, au fond. Je darde mes prunelles sur l’inconnu, me demandant ce qu’il cherche ici. « Je ne crois pas que nous ayons déjà eu l’occasion de nous rencontrer. » Quel terrible gâchis, si on me demande mon avis.

Spoiler:

Il avait le menton haut de qui est fier et blessé et il espérait que personne dans son entourage n'avait adopté une autre attitude. Parce qu'on venait de mourir sous sa protection et l'on venait d'assassiner en toute impunité. Il pouvait sentir ses mâchoires s'entrechoquer à mesure que la cérémonie avançait et qu'il n'en écoutait pas la moindre phrase. On était venu jusqu'ici pour tuer et il avait été impuissant à protéger. C'était trop pour lui. La veuve éplorée s'en sortirait avec de nombreux avantages sur le reste de la population mais il connaissait l'état dans lequel devait être son coeur. Il en était responsable et il devait rectifier cela. Le Bras de la Rédemption. Un tas de cadavres ambulant qui ignoraient ce à quoi ils s'étaient exposés, c'était tout ce qu'ils étaient. Il bouillait à l'intérieur, il avait l'impression qu'à tout moment, il pourrait dévaster les landes d'Atalan à la recherche du moindre de ces pourritures et les abattre tous, lui-même. Il savait qu'il avait d'autres obligations le maintenant cloué ici, mais à l'instant où il s'en trouverait libéré, il chevaucherait avec ses hommes, à la recherche de ceux qui avaient eu l'outrecuidance de remettre sa politique en question. Il n'avait jamais condamné qui que ce fut pour ses pouvoirs, comme son père l'avait fait, et en cela, il avait instauré une politique plus ouverte à l'autre, la paix entre les peuples, c'était tout ce qu'il voulait. Et il était prêt à l'enseigner à quiconque le remettait en question, bras de la rédemption ou pas. La tête au billot, de préférence. Ricanant sous son crâne, la voix n'ajouta pas de commentaire - elle l'aimait mieux quand il envisageait des réponses violentes, des punitions et quand il souhaitait répandre la mort. Alors, dans ces moments-là, ils étaient finalement d'accord. Elle se tut, le laissant apprécier la fin de la cérémonie et finalement, tout le monde s'éparpilla, pour tenter prévenir les personnes présentes, et distiller les informations nécessaires. Il s'approcha de Miriel et sans la regarder, il lui déclara « J'ai drôlement hâte d'apprendre aux filles qu'elles sont consignées au château. » Et il s'attendait à des cris, à de violentes récriminations, et même à des insultes. Se tournant vers elle, il ajouta « Dois-je ajouter que je pense qu'il vaudrait mieux en faire de même, vous-même? » Ils n'avaient pas discuté depuis des jours, et il ignorait même si elle lui répondrait là, si elle ne préférerait pas seulement l'ignorer. Et il l'aurait bien mérité, après tout, tant il n'y avait que distance dans leur couple.

"En voilà un qui se voit retourner à la mer, soupira pensivement Petrichor, pour elle-même, mais aussi et surtout pour son voisin, le seigneur Corvo, aux élans lyriques duquel elle venait de faire référence. Petrichor était parvenue à piquer la place d’un conseiller, et se tenait à présent à la droite du frère de l’Empereur. Pour l’occasion, elle avait sorti une tenue traditionnelle du deuil magriel. Une décision qui aurait pu être considérée comme déplacée pour deux raisons: l’archonte n’était absolument pas magriel d’une part, et de l’autre, l’habit en question était beaucoup trop ostentatoire pour le lien qu’elle n’avait pas avec l’archonte ou sa famille. Il avait bien été question, des années auparavant, qu’elle l’envisage comme époux potentiel, mais rien qui n’avait été écarté rapidement, Morynvail s’entichant avec bien plus d’enthousiasme de la pauvre femme qui pleurait désormais quelques rangs devant elle.

Petrichor était donc tout de noir vêtue, jusque là rien de bien surprenant. En revanche, elle portait une coiffe à l’envergure disproportionnée, composée de lichen et de bois de cerf, d’où des voiles noirs tombaient en cascade, dissimulant entièrement son visage. Cela lui donnait des airs de monstre sorti de quelque sombre marécage, comme le voulait l'étiquette de sa famille (pour qui le deuil était synonyme d'une telle douleur qu'on n'en devenait monstrueux de peine). Bien que ce couvre-chef ostentatoire ne propulse sa silhouette de quelques décimètres supplémentaires, elle s’était postée sans vergogne dans les premiers rangs, empêchant les sujets assemblés derrière elle de voir quoi que ce soit s’ils ne se tordaient pas un peu le cou.
Elle patienta pudiquement tout au long de la cérémonie, familière certes avec les rites laëris, depuis le temps, mais pas pour autant concernée par les prières adressées à leurs divinités de prédilection.
A vrai dire, elle rongeait son frein, n’osant susurrer trop d’insanités à l’intention de son général pendant l’office.

Lorsque la famille du défunt prit congé, et que la foule se mit à bourdonner à mesure qu’elle s’ébranlait vers la sortie, Petrichor attendit que Corvo s’extirpe de leur rangée, avant de lui tendre une main obséquieuse, afin qu’il l’aide à se frayer un chemin (l’une des déconvenues de sa couronne aveuglante). Elle saluait de temps à autres majestés et seigneurs qui gravitaient autour d’eux, mais ne parvenait à se résoudre à lâcher les bottes de Corvo, ni le bras qu’elle avait fini par lui prendre en otage. Elle se sentait plus audacieuse, l’expression à l’abri sous son voile, le seigneur Corvo étant le seul à pouvoir entendre les injures sifflées à son attention: "Vous n’avez aucune crainte à avoir messire, ces barbares n’ont l’air de s’en prendre qu’aux gens de magie… Ceci dit, prenez garde, votre visage bouffi et vos yeux rouges vous donnent des airs fiels. N'avez-vous pas passé une meilleure nuit ?"

Spoiler:

les ténèbres devraient nous craindre
intrigue n°1 - syn.

Visages fermés se pressent vers la lumière pour s'extirper des macabres discussions qui inondent l'assemblée ;; ne reste à l'intérieur que les cœurs noircis et téméraires face à ces murmures funèbres qui ne cessent de répéter les mêmes chants en boucle, les mêmes noms perfides à l'origine de cette soudaine vague de peur. Barbarie à son apogée transforme les rêveries en cauchemars ;; songes ne seront plus jamais douceurs face aux atrocités actuelles.
Chaque âme devient cible, chaque silhouette risque de devenir poussière ;; les prunelles ancrées sur ces potentielles futures victimes, Eryn lâche un nouveau soupir. Meurtriers se terrent peut-être là, dans cette foule angoissée, arborant un visage banal et le cœur empli de rage envers la magie qui pullule depuis toujours autour d'eux, tranchant autrui pour éradiquer la sorcellerie. Les doigts glissant sur sa brise-aube, elle s'interroge ;; comment se défendre quand la menace rôde partout ;; comment reconnaître les purificateurs au milieu des innocents ? Râle qui s'extirpe du fond des tripes, son poing se resserre soudainement sur la fusée de son arme. La méfiance s'insère profondément, elle ne doit faire confiance à personne ;; faciès poupons peuvent être assassins, gentillesse peut cacher tuerie.      

Solitude embrasse ses courbes, l'impatience grandit doucement. Le dos collé contre les pierres de la bâtisse, Eryn attend que @Jasper Aurdoza se décide à quitter les lieux à son tour. Psyché submergée par cette envie irrépressible de quitter ces terres désolées pour rejoindre le navire et s'arracher de ces mauvais présages, Eryn ferme doucement les yeux pour permettre à son esprit de divaguer quelques instants quand une voix familière vient interrompre sa soudaine méditation.  

A toi aussi, l'air du dedans semble contaminé ?

Rictus remplace la moue quand les yeux d'Eryn se posent dans ceux de @Syn Bates. Trogne qu'elle n'aurait jamais pensé apercevoir ici, elle se redresse pour lui faire face. “Tu sais bien que je déteste me mêler aux autres. Encore plus dans ces conditions.” Patte qui se retire de son arme, confiance gagne du terrain face à celui qu'elle n'a pas revu depuis longtemps. “Je profite de ce qui ressemble au dernier moment d'accalmie avant un long moment...” Parchemin froissé qu'elle tend en sa direction, une grimace vient remplacer le bref sourire qu'elle s'était permise d'arborer quelques secondes auparavant en guise de salutations. “T'en penses quoi toi, de tout ça ?” 

Corvo ne dérogeait pas au sentiment de culpabilité qui étreignait les représentants de la loi, et osait à peine imaginer la colère de son frère l’Empereur @Círyon Helemys. Il s’était placé en léger retrait, dans son dos, comme il en avait toujours eu l’habitude et le devoir, et fixait parfois les épaules de Círyon comme s’il arrivait à deviner les vagues furieuses qui tempêtaient sous son port altier et taiseux. Corvo le comprenait, là encore comme il avait toujours eu l’habitude et le devoir de le comprendre, et partageait avec lui cette colère légitime. Elle se subdivisait même en deux, déversée d’un côté à l’endroit des Purificateurs, déversée de l’autre à l’endroit de ceux dont ç’avait été le devoir de prévenir leur montée et ultimement leur attaque. Corvo était d’autant plus irritable et bougon qu’il avait affreusement mal dormi, passant d’une nuit de terreur à un matin terrible à sa façon puisqu’il l’avait vu se réveiller paralysé. La faute à toutes ces hantises cacophoniques qui habitaient son crâne comme les spectres un château.
Ou au vin magriel...

“En voilà un qui se voit retourner à la mer.” Il n’avait pas oublié la présence de dame @Petrichor à ses côtés. Comment aurait-il pu. Elle était à elle seule devenue le deuil, une personnification païenne qui s’était armée de bois dans l’espoir peut-être de combattre la mort (ou de lui crever à lui un œil) et de tout un tas de végétaux que son altesse avait toisé avec consternation lorsqu’elle s’était faufilée à ses côtés. Corvo était habillé autrement plus sobrement, une tunique martiale à la noble facture, évidemment noire, qui le serrait un peu plus que la dernière fois qu’il s’était rendu à des funérailles. Il ne fit aucun commentaire aux mots de la magriel, qui faisaient par ailleurs échos aux siens, et se contenta de sombrer dans un silence grave tout en écoutant d’une oreille la cérémonie. Quelle violence ne se faisait-il pas pour s’empêcher de sombrer dans autre chose ; au hasard le sommeil.

Lorsque les funérailles furent terminées et que les rangs se rompirent, Corvo se déplaça en cueillant avec un naturel déconcertant la main blafarde que Petrichor lui tendait, avant qu’elle s’accroche avec un naturel tout aussi déconcertant à son bras. Il eut un regard pour sa nièce @Isabeau Helemys qui s’éclipsait quelque peu hâtivement, chercha ensuite @Erika Helemys, mais fut déconcentré par le voile noir à ses côtés, doté à nouveau de parole. “Vous n’avez aucune crainte à avoir messire, ces barbares n’ont l’air de s’en prendre qu’aux gens de magie…” S’ils n’étaient pas à des funérailles, il aurait eu un sourire crispé. “Comme j’aime votre perspicacité ma dame.” Corvo salua du chef les conseillers.ères qui distribuaient leurs parchemins, portant non sans une attention exacerbée son regard sur les différents groupes de discussion qui se créaient. S’il avait été à la place de ces infâmes barbares, comme les avait si bien désignés dame Petrichor, il aurait profité que tout Dynacairn se rassemble au même endroit pour frapper encore plus fort. Il restait vigilant, épinglait parfois longuement des têtes qui lui étaient inconnues.

“Ceci dit, prenez garde, votre visage bouffi et vos yeux rouges vous donnent des airs fiels. N'avez-vous pas passé une meilleure nuit ?” Il renifla avec un rictus, tant excédé par l'interrogatoire de l'archiatre que par ses mauvaises nuits hantées de morts et de regrets. “Nullement.” La veuve éplorée les frôla alors, avant de disparaître. “Me pleureriez-vous aussi, si je crevais d'épuisement la tête entre les oreillers et les yeux exorbités ?” La vision l’amusait. Et en même temps pas tellement. Une torsion de nuque bascula son visage en effet tiré par la fatigue vers le grand voile duquel il ne pouvait rien distinguer, si ce n’était deux brèves lueurs bleues. “Ou souririez-vous sans fin ?” Il parut inspecter brièvement la composition dont elle avait doté sa tête. “Avec une coiffe pareille, vous pourriez aisément cacher et votre joie, et tout Atalan.”

tl;dr:

Toute de noir vêtue, Orylea avait la parfaite apparence de la jeune femme endeuillée. En vérité elle ne connaissait que très peu l'arconte, et n'allait certainement pas pleurer sa perte. Ce n'était pas le cas de son épouse dont le visage inondé de larmes était à peine dissimulé par une voilette. Pour l'occasion, toute la famille Haveron avait fait le voyage vers Dynacairn. Ils occupaient un banc entier au deuxième rang, derrière la famille du défunt.
Orylea écoutait d'une oreille distraite la cérémonie, se levait quand on adressait les prières à Ases mais ses lèvres ne s'entrouvraient pas avec celle des autres. Si elles avaient dû le faire, cela aurait été pour s'adresser Lesyn, pour que son souffle emporte l'âme du défunt et la transporte vers l'autre monde. Mais Ecthalion Rir Morynvail n'était pas syràn, et se serait bien fichu de ses prières. Terre à terre, elle se contentait de se demander si les autres têtes suzeraines du royaume étaient en danger. Elle jeta un coup d'oeil vers la famille impériale qui semblait impassible, d'un calme olympien digne de son statut. Se fichaient-ils autant qu'elle de ces chichis de formalité ? Ou s'inquiétaient-ils véritablement du mauvais sort ? Soixante dix-sept, soixante dix-huit... Elle se surprenait à compter pour se prémunir du malheur.
De temps à autres, les paroles du prêtre étaient interrompues par les sanglots de l'épouse éplorée, et Orylea ne pouvait s'empêcher de la mépriser. Elle n'avait pas pleuré de la sorte à la mort de son père, ni à celle de son frère. Personne n'avait organisé de cérémonie pleine de fastes pour eux. Le père avait fini dans une fosse commune et on n'avait jamais retrouvé le corps du frère. Comme quoi, finalement l'argent s'emporte bien dans l'au-delà. Mais elle restait docile aux côtés de son mari, se retenait de soupirer et de lever les yeux au ciel, ce qui aurait traduit son ennui. Deux cents trente-et-un, deux cents trente-deux... Quand la cérémonie fut finie, elle alla même transmettre ses condoléances à la pleureuse. Il fallait bien entretenir les relations diplomatiques entre les différents duchés du royaume. Très chère, comme votre perte doit être douloureuse. J'en suis terriblement désolée. Notre porte vous sera toujours ouverte à vous et vos enfants si le besoin vous vient. Des paroles vides de sens et de sentiments, mais c'est bien ce genre de politesses que l'on adresse dans de telles circonstances. Ses beaux-parents s'attardèrent plus longtemps auprès de l'arcontesse. Après tout, eux avaient véritablement connu Ecthalion. Il était déjà un fringant jeune homme à la naissance de son mari, et elle, elle n'avait jamais croisé qu'un homme au pelage poivre et sel, dans la fleur de l'âge.
Quand l'arcontesse s'en alla parler à d'autres nobles, les Haveron se dirigèrent vers la sortie. Ils furent interrompus en chemin par un domestique qui distribuait à chaque patriarche du foyer un tract de parchemin pour se prémunir des dangers qui avaient eu raison du défunt. Orylea fronça les sourcils. La menace semblait plus sérieuse qu'elle ne le croyait. Et comme pour lui donner raison, plusieurs cris se mirent à résonner dans le grand dôme. D'abord de terreur puis de colère. La foule se retourna comme un seul homme pour découvrir, gisant au sol, un corps dénudé sanguinolent. Ils avaient osé - réussi, même - à s'infiltrer au vu et au su des soldats au cérémonial même qui rendaient hommage à leur première victime pour en faire une farce d'un goût douteux. Les silhouettes encagoulées se mirent à courir dans tous les sens pour affoler plus encore les badauds. Si la plupart se ruèrent vers la sortie, il en restait néanmoins quelques uns qui semblaient toujours vouloir en découdre, histoire de marquer le coup.

L’archonte avait été tué violemment. Par un groupuscule qui semblait prendre des forces à chaque nuit passée. Erika semblait prendre conscience de la dangerosité de la situation. Ses sorties deviendraient plus risquées, c’est vrai. Était-il nécessaire de prendre autant de risque ? Pas sûr. Mais Erika ne voyait pas cela comme ça.

Elle préféra se concentrer sur les funérailles de l’archonte. La princesse observait la salle, la foule, les regards attristés et les pleurs de la veuve. Elle fronça les sourcils, la regarda attentivement puis le cercueil. Elle fut attristée pour cette dame qui perdait son mari, même si elle ne savait pas si elle l’aimait ou pas. Cela ne changeait rien. La cérémonie dura longtemps, bien trop longtemps pour Erika qui souhaitait plus que tout prendre l’air dehors. L’ambiance était étouffante. Elle se contint pourtant, restant à sa place, mais bouillonnant à l’intérieur.

La princesse observa un instant son père qui semblait furieux, bien qu’il n’en montrât rien. Elle baissa le regard pour observer le silence jusqu’à la fin de la cérémonie.

Libérée d’un mutisme qu’elle détestait, n’ayant écouté que la moitié des funérailles, elle se permit de souffler en regardant les groupes se former petit à petit. Elle avait voulu rejoindre Isabeau mais sa jumelle semblait avoir besoin de calme. Erika la laissa prendre le temps qu’elle voulait. Elle traina un moment près de ses parents sans savoir quoi faire, en n’ayant aucune envie de se mêler à qui que ce soit.

Au moment où elle voulut aller dehors pour prendre l’air, elle se fit arrêter net par des cris, un corps et surtout des personnes avec des armes qui menaçaient l’assemblée. Erika fut surprise et recula de quelques pas. Elle chercha d’abord sa jumelle et paniqua lorsqu’elle ne la trouva pas avant de voir qu’elle était sous la protection de Corvo. Rassurée, elle fit quelques pas en arrière, ne sachant pas ce qu’elle pouvait faire. Et si elle arrivait à trouver une épée ?

@Comte Vicar

Personne ne les avais vu venir. Ils étaient arrivés de nulle part. Mais ils avaient crié, et fort. La mort d’une personne haut placée avec une telle violence était tout simplement un coup parfait, et même une bonne mise en garde. Ils étaient là, et ils n’hésiteraient pas à recourir à la violence.

Iris se déplaçait discrètement dans la salle, restant dans l’ombre, laissant trainer ses yeux et ses oreilles parmi le monde qui était venu aux funérailles de cet homme. Elle avait jeté un œil à la famille impériale et s’en était détournée pour se concentrer sur sa mission. Parce qu’elle n’avait qu’une mission : les trouver. Les débusquer et amener leur emplacement à l’empereur. Se pouvait-il qu’ils aient une cachette au sein de la capitale ? Si proche du château ? Sous l’œil de l’empereur ? Iris espérait que non, mais s’était jurée de fouiller la ville de fond en comble.

Elle s’arrêta près des uns et des autres, se glissant entre hommes et femmes, observant la veuve se diriger vers l’extérieur. Elle ressentit de la peine à son égard et ne souhaitait pas vivre ce qu’elle venait de vivre. Elle ne voulait pas s’imaginer perdre un être cher parce qu’elle savait que ça lui briserait le cœur et l’âme.

Iris se posta dans un coin de la salle, à regarder les interactions, les mouvements, les mimiques. Elle n’avait pas prévu de ne pas les reconnaitre. De ne pas les débusquer. Juste sous son nez. Des cris, des pleurs, des armes qui s’entrechoquent, un corps… Elle prit sa dague en main et se tint à l’affut du prochain ennemi de l’empire qu’elle croiserait.

@Comte Vicar