(f) can't calm the storm - elicia

Le soleil est haut dans le ciel, et se reflète sur le basilic noir qui pare le mercenaire, lorsqu'il franchit le seuil du conseil syrànique. De ses ardents rayons, l'astre du jour auréole cette cérémonie aux desseins inconnus à laquelle Syn a été convié, en sa qualité de conseiller laëris. L'âme politicarde se doit de se tenir informée des nouveautés qui oragent les autres contrées. Si les relations entre ces deux races se portent bien, à ce jour, il ne faut jamais négliger l'importance des liens à tisser - se montrer, toujours, l'hypocrite langue acérée doit calmer les possibles alliances rivales, et attester de sa toute présence. Les relations inter-contrées doivent se travailler, se lier, encore et toujours, ne jamais se reposer sur ses acquis dorés, c'est ainsi que l'empereur pense, et Syn croit en son dessein comme en nul autre.
Les réunions à rallonge où les langues se vissent, ne dévoilent que des brides inintéressantes par peur de révéler trop de sombres secrets, n'ont jamais intéressé le laëris. Ce sont les vérités qui se montrent dans la nuit noire qu'il recherche ardemment, comme un chien qui sent venir les odeurs perfidies.
Néanmoins, c'est avec respect qu'il salue  @Nelis Aurdoza, vieil ami d'autrefois retrouvé à la tête du conseil. Peu de temps s'est écoulé, avant que la réunion ne débute officiellement. Et s'enchaînent les paroles, les langues qui dévoilent (un peu, juste ce qu'il faut), et parent d'un voile de secret les choses qui ne se peuvent dire ici.

Le regard de Syn vagabonde de silhouette en silhouette, sans jamais que l'intérêt ne le fasse s'arrêter. Il a les yeux qui tâchent de lire en les âmes, mais n'y voient que pourriture crasse et harmonie nauséabonde. Bien souvent, ses prunelles se dardent sur Nelis, attentive à discerner quelques relents de trahison à venir - rien, il n'y voit rien.
Et lorsque d'un arc de cercle visuel il honore l'assemblée, c'est sur la silhouette sombre et adossée à une vieille muraille qu'il tombe. La seule qui semble instiller un vague intérêt en ses prunelles jusqu'alors ennuyées.
Syn a toujours aux politicien.nes préféré les guerrier.es. D'elleux, on tire davantage d'informations que de celleux qui savent manier la dague des éloquences. Dans la pureté de la force se lisent les desseins plus aisément que dans les miroirs creux démagogues. Sans se gêner, Syn darde ses prunelles, stoppe son mouvement oculaire, et détaille la silhouette en arrière. Celle-ci semble se vautrer dans un profond ennui, mais sa présence protectrice et en retrait attise en le laëris des désirs d'omniscience. Il doit savoir ce qui se trame sous l'orage.

L'ombre a des contours féminins, des traits singuliers, et perle de ses prunelles un gouffre d'intelligence. Elle transpire le feu de la louve, changeante et orageuse - elle a l'intérêt de Syn qui désormais l'auréole, tant ses doigts calcinés se font témoignage d'une magie sorcellière. Elle n'est pas syràn au fond des trippes, cela se ressent comme l'haleine fétide d'un Basilic. Aventureuse parmi d'autres terres, elle a une histoire qui doit se conter, et de son regard visiblement ennuyé, ne rate aucune des paroles qui emplissent la scène. Doit en savoir plus qu'elle n'en montre.
Syn ne tarde pas à rejoindre la forme ombrageuse, laissant aux âmes gouvernantes le soin de prophétiser. « Encore et toujours les mêmes discours. » qu'il glisse, dans l'espoir d'entamer une conversation qui les mènera peut-être jusqu'aux tréfonds des égouts de Bélès. S'adosse à son tour à ses côtés, les bras croisés sur son basilic noir, aux milles reflets électriques des rayons du soleil. Les paroles proférées sont silencieuses, à peine murmures qui ne peuvent faire écho, dans le fond de la salle du conseil. Mauvais élève, Syn, toujours à contrarier les projets de Nelis.
« Vous n'êtes pas d'ici, je me trompe ? » Montrer de l'intérêt, darder les prunelles en ses iris, profondément, intensément. De vous, je veux tout savoir. Vous m'êtes bien plus attrayante que le prix du pain de seigle.

" Par Dhyrmis même ma pisse me brûle la queue ! "
Davian, Dorian, ou quel que soit son nom, offre en cet instant un bien piètre spectacle. Le bougre est plein comme une pute au petit matin et arrose ses bottes presque autant que le mur contre lequel il s'appuye lourdement. A des lieux d'être outrée par son langage, son comportement ou encore son cul pâle à découvert, Elicia s'abstient de tout commentaire. La vérité étant que lorsque l'on fréquente plus d'hommes que de dames ainsi que les bas fonds de la ville, on en vient à en voir des vertes et des pas mûres, soit des exhibitions bien pis que celle-là. Ou peut-être est-ce cette chaleur harassante qui, depuis maintenant deux semaines, œuvre à drainer les forces des habitants de Bélès ? Tous ont l'impression terrible d'être pris au piège dans une cité vibrantes de chaleur. Assise à l'ombre de la ruelle adjacente à l'auberge, la mercenaire tente de prendre son mal en patience. C'est sans compter cet imbécile qui a passé la nuit à s’enivrer de la médiocre boisson servie par l'établissement. Pressée par le temps, Elicia l'encouragea à poursuivre.
" Et bien j'attends toujours la suite... "
La croupe tressaute plusieurs fois tandis que son propriétaire s’esclaffe d'un rire gras. Tout en continuant à pisser, l'homme se tourne à demi vers celle qui trouble son moment de détente.
" Je s'rais plus d'humeur à causer une fois ma récompense bien en vue "
Elle esquisse un de ces brefs sourires qui n'ont rien de joyeux et dépose sur un tonnelet de bois pourrissant une bourse dont elle exhibe les pièces d'argent. Davian, Dorian, ou quel que soit son nom, renifle de satisfaction et remonte son pantalon qu’il essaye de boutonner. Les mains rendues maladroites par l’alcool n’y parviennent pas et abandonnent après un grand " BAH ! " défaitiste.
" L'baron organise un banquet. Dans trois jours y aura du beau monde. M'dame voulait pas faire ça, elle est grosse de jumeaux et supporte mal la chaleur, mais M'sieur ne voulait rien entendre. Enfin à c'qui paraît ! "
" Combien d'invités sont attendus ? "
" J'sais pas trop. Une bonne treintaine p'être. Y'a Aro qui cherche des gens pour aider. C'est l'homme à tout faire de M'sieur. Vous voulez savoir qui vient ? "
" Non ils ne m'intéressent guère. On a finit. "
Elicia l'observe tituber lamentablement vers la porte et quitte le ruelle, perdue dans ses pensées. Le mensonge était simple et innocent, destiné à laisser le commis de cuisine dans l'ignorance. En supposant qu'il se souvienne des détails de cette conversation, il ne manquera pas de se vanter de la bourse nouvellement acquise. Cependant un renforcement de la sécurité autour du baron serait le cadet des ses soucis, la véritable cible étant un orateur aux bien lourds secrets.

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La mercenaire aurait préféré délivrer son message discrètement et ne guère s'attarder alors que le Conseil était en pleine réunion. Mais sa présence était requise et elle ne pouvait échapper à cette obligation. Elicia était donc arrivée en retard, comme à son habitude, se faufilant silencieusement au milieu de spectateurs mutiques jusqu'à rejoindre les ombres salvatrices. Les bras croisés, une épaules nonchalamment appuyée contre la pierre, l'ennui torturait son esprit. Elle avait compté trois fois le nombre de participants ; déclinant mentalement les identités, leurs capacités, points forts et points faibles. Puis vérifié cinq fois les sorties possibles. Elle s'était même laissée aller à imaginer quelques scénarios catastrophes ; sélectionnant des alliés de choix pour survivre. Le nombre de personnes dont elle se fichait royalement du sort était affolant.

Ses divagations, aussi divertissantes soient-elles, sont à présent terminées. La mercenaire n'a pas trouvé mieux que de grater du bout de son ongle une écaille de sang tachant son plastron de cuir souple. Elle n'avait pas eu le temps de tout enlever après s'être amusée avec l'orateur. Pour une fois, elle avait eu l'autorisation de ne pas se presser, Elicia en avait donc profité pour reproduire sur lui quelques tortures que l'homme avait lui-même affectionné. Elle s'était arrêté à l'aube et avait prié Fimjir pour que sa mort puisse apporter un peu de paix à ses jeunes victimes.

Elicia en est là dans ses pensées, toujours à observer le Conseil et ses invités lorsque ses prunelles s'entrechoquent avec d'autres. C'est une redoutable rencontre entre la mer et le ciel, les flammes en proie à un terrible raz de marée. Une déferlante déroutante qu'elle repousse dans l'immobilité la plus totale. Il l'examine avec attention, elle en fait de même. L'inconnu délaisse finalement les débats et s'approche sans que jamais son regard ne flanche. L'homme, d'une assurance singulière, se drape d'une aura froide et magnétique.
" Encore et toujours les mêmes discours. "
Il se place à ses côtés, la mercenaire suit le mouvement avec fluidité. Les voilà tout deux adossés à la muraille, silhouettes concupiscentes au coeur des ombres.
" Vous n'êtes pas d'ici, je me trompe ? "
" Vous non plus. "
Ses yeux caresse l'inconnu, sa peau pâle, ses yeux couleur orage, s'arrêtent pour détailler le plastron flanqué d'un basilic noir. Elle peut presque sentir le goût du sel et du cuivre sur le bout de sa langue.
" Alors, quelles informations allez-vous rapporter à Dynacairn ? Etes-vous satisfait ? " L'empereur sera t-il heureux de découvrir que nulle rebellion syràn ne menace sa couronne rougie d'un passé imposteur ?

Le prix du pain de seigle, oui. Discutent ci et là quelques conseiller.es avides et affables, narrent les quelques monstres qui sévissent en territoires syràn, se demandent s'il ne serait pas bon pour toustes de payer quelque mercenaire de leur rang, afin de se défaire d'une aguara ou d'une alpyre. Syn a les yeux qui roulent en l'air, semblent menacer le ciel de son orage impétueux. N'importe quel crétin pourrait d'une lame acérée s'emparer des illusions de la renarde.
Rien de tout cela ne l'intéresse. Ce que Syn guette avec envie, ce sont les discours qui se taisent, les jugements dans les orbes qui se meuvent en secret. Il n'est pas un politique, le conseiller laëris, bien qu'il se targe parfois d'être de ces engeances. Non, il est un guerrier. De ces lames rapides qui fendent l'air pour pourfendre tel ou telle créature, rendre au silence et à la paix le réel chaos qui sévit en son cœur.  
A l'oreille alerte pour entendre se dire le nom de sa contrée, écouter d'Orcylin les cigales, voir en les regards quelque haussement de cil devant le nom d'Helemys. N'en fait rien. Rien ne se dit que le néant, le vide absolu et creux d'un conseil inutile, de ceux qui ne s'affairent que des vagues broutilles villageoises.

Heureusement que l'attention peut se tendre en d'autres paysages. Car elle a d'un coucher de soleil l'éclat, la silhouette d'Elicia. Il ne saurait dire pourquoi tout son intérêt se pointe vers elle, ne désire pas, d'ailleurs, mettre des mots sur l'impression.
Il sent que d'elle se délivreront plus de saveurs.
Des océans d'épices, sans doute, des secrets à peine dévoilés, sans cesse murmurés, car les guerrier.es savent bien plus que ce qu'ils taisent. D'une âme vouée aux acrobaties politiciennes, il ne tirera absolument rien, et il le sait d'années d'expertise et d'une pratique bien suivie, Syn. Il n'est pas un perdreau de l'année, et les rides qui marquent son visage s'en font un indicible témoignage. Elle a dans les orbes un je ne sais quoi parsemé d'ennui, et d'une langue qui veut pourfendre. Elle est bien plus intéressante que sa posture ne le laisse présager, Syn en mettrait sa main à couper.
C'est par ailleurs ce qu'elle dévoile, lorsque ses accents d'ailleurs se laissent entendre. " Vous non plus. " Elle a les iris qui semblent caresser son plastron, alors que sa main elle ne bouge pas.
Ce n'est qu'un sourire pâle qui lui répond, venant métamorphoser le masque indélébile du laëris.
Sans doute a-t-elle reconnu l'accent typique de Dynacairn, ou bien a-t-elle déjà vu le visage tanné par les années en mer de la chauve souris, car c'est dans sa bouche qu'il entend les cigales d'Orcylin. " quelles informations allez-vous rapporter à Dynacairn ? " Il ne se trompait donc pas - elle est bien plus intéressante que les petites terreurs enfantines des enfants Syràn se dévoilant en ce conseil insipide.

Il darde ses orbes en elle, semble pourfendre son intimité. Donne l'illusion qu'en sa silhouette ennuyée, il peut lire, gageant ainsi de ses qualités de mentalisme. Décidera plus tard s'il souhaite sur elle user de ses pouvoirs. Mais il semble que l'intérêt grandisse, grandisse en le laëris, un peu plus chaque seconde, chaque respiration qui s'échappe de ses poumons. « L'augmentation du prix du pain, visiblement, voilà tout ce que je pourrais ramener en mon empire. »
Hausse les épaules, vaguement, marque d'un désintérêt qui va croissant. Il a beau apprécier quelque peu Nelis, il se doit de ressentir pour lui comme une honte latente - mérite mieux, bien mieux, que ces discussions creuses à rallonge. « Vous comprendrez donc que satisfait n'est pas le mot. » Toujours ce sourire énigmatique au creux du visage, qui renforce les quelques ridules parant ses yeux.
« Vous ne semblez pas plus passionnée que moi. » Les orbes ne quittent plus les iris de la belle, s'y fichent, comme une flèche en plein brasier. « Serait-ce cavalier de ma part que de vous proposer de poursuivre cette discussion à huit clos ? » L'invitation est franche, quoi que courtoise. Allons boire une choppe, puisqu'ici nous ne trouvons ni l'un ni l'autre notre compte en aventure.

@Syn Bates

" L'augmentation du prix du pain, visiblement, voilà tout ce que je pourrais ramener en mon empire. " L'ennui qu'elle éprouve se reflète dans les prunelles de l'inconnu qui n'use d'aucune dissimulation ou sourire hypocrite au contraire des protagonistes de cette réunion. L'intérêt de l'événement se résume à entretenir les relations entre les peuples tant politiques que commerciales. Les représentants se jaugent et observent de faux semblants afin d'entretenir une paix précaire. Les accompagnants et observateurs sont donc présents par intérêt ou sur ordre. Elle opte pour la seconde option concernant son interlocuteur. Un sentiment confirmé par Limon quelques instants plus tard alors qu'il jette un coup d'oeil morne et furtif à l'énigmatique duo. Ce désintérêt étudié suffit à Elicia pour comprendre que l'homme qui lui fait face n'a rien d'anodin.

" Vous comprendrez donc que satisfait n'est pas le mot. " Un sourire étire ses lèvres à chaque fois qu'il reporte son attention sur Elicia. Son regard acéré étudie son visage comme si ce dernier recelait d'une multitudes de secrets à découvrir. La mercenaire pourrait en éprouver de la gêne ou de l'agacement si elle n'était pas elle-même avide de ses traits. Voilà une décennie qu'elle n'avait plus expérimenté une telle intensité lors d'un premier instant. Et pourtant vous êtes ici, à analyser discrètement chaque faits et gestes. Qu'elle brûle de répliquer.

" Vous ne semblez pas plus passionnée que moi. " Elle s'autorise un léger soupir d'assentiment. " Certes les sujets abordés ne sont guère palpitants mais tous ont leurs répercutions à différentes échelles. Prenons le prix du pain qui découle de l'augmentation du coût de la matière première nécessaire au boulanger. Il profite au seigneur qui gratifie ses paysans d'une misère et n'a que faire du petit qui a le ventre vide. " Elicia ne cherche pas à dissimuler l'amertume dans sa voix. " Tout ceci manque cruellement d'encadrement mais qui s'en soucie alors qu'un sombre accord politique est en jeu ? Voilà pourquoi je n'ai aucune appétence pour ces simagrées. " Son discours étonnerait qui côtoie la mercenaire réputée pour sa froideur et un égoïsme prégnant. Elle n'en reste pas moins consciente des problèmes de ce monde qu'elle a simplement choisi d'ignorer ouvertement, bien décidée à vivre sans contrainte, mue par ses seuls désirs. Une attitude engendrée par un passé révolu.

" Serait-ce cavalier de ma part que de vous proposer de poursuivre cette discussion à huit clos ? " Elle en reste un instant interdite, soupçonnant une perte d'intérêt après cette ennuyante constatation. Son invitation sans équivoque vient confirmer l'attirance fulgurante et évidente qui les unis. Alors que l'idée se fraye un chemin dans son esprit, la proximité de leurs corps inconsciemment tendus l'un vers l'autre devient subitement torture tandis que le bout de ses doigts s'embrase d'anticipation. " Je connais une taverne qui sert la meilleure bière de Bélès. " Si la proposition cache une double sollicitude, pour l'heure la mercenaire s'en moque, tant l'envie de perdre pied exacerbe ses sens. " Elicia. " murmure t-elle, amorçant les présentations.