mon futur gendre est un bouffon (quête sec)

C'est une fête, une grande fête ! En pompes, en fanfare, une réception e x c e p t i o n n e l l e. Ce n'est pas tous les jours qu'une telle épopée est prévue ! Des montagnes de fleurs, de bouquets aux odeurs persistantes, aux petits fours délicats préparés par une volée de chefs qui ont mis leur cœur à préparer la meilleure fête de fiançailles possibles, pour le plus imbécile des fils Renart. Goupil est le roi de la fête, celui à qui on promet un avenir brillant et génial ! Il va enfin avoir l'occasion de monter briller à la Capitale, plutôt que de rester sur le domaine où règne son père, Aermagh. Mais sa future femme dans l'histoire n'est pas à prendre à la légère non plus ! Fille d'un des conseillers les plus proches de l'Empereur, elle ne semble pas être des plus heureuses, ni des plus malheureuses. Politique, les fiançailles, pour le meilleur et pour le rire !

   

Syn fait jouer entre ses doigts le papier parfumé qui lui est parvenu la veille. Il n'a jamais trop aimé ce genre de festivités, mais sa position de conseiller des ailes carmines lui a appris à jouer de ses facultés, de sa langue acérée et de sa parole affutée. Il sait qu'il devra se rendre à ces fiançailles, qu'il le désire ardemment ou non. Sa position ne lui permet en aucun cas de refuser.
Il se rappelle bien de Goupil. Il a le regard vitreux d'un ogre, et l'intelligence d'un khazargante, il est de ses engeances qui n'ont d'intérêt que leur nom et leur héritage. Lui sourire est un supplice, mais Syn s'adonnera à masquer son visage comme à chaque fois qu'il se doit d'être parole impériale.
Ringer avait aussi été invitée, comme il en va de coutume. Ils avaient tous deux convié la jeune Ozalee, recrue de choix parmi les velours. Cette dernière se devait de parfaire son apprentissage d'aile, en s'initiant aux courbettes politiciennes.

La fête bat son plein, lorsqu'ils arrivent, tous trois ensemble.
Des fleurs auréolent la scène, dehors comme dedans, l'odeur est âcre et persistante - le mélange étrange. Des petits fours se baladent accompagnés de leurs serveurs, Syn n'en prend pas, la faim l'a quitté en distinguant au loin le regard de bœuf de Goupil - qu'il doit pourtant saluer. Ils sont tous deux postés l'un à côté de l'autre, à l'extérieur du domaine. Sa future femme trône en effet à ses côtés, et ne semble pas des plus heureuses. « Toutes mes félicitations. » qu'il glisse, accompagné de ses deux compères.

La musique commence à retentir.
D'un geste exagéré, Syn se lance dans une courbette, et tend sa main à @Ringer Bellona pour l'inviter à danser à ses côtés.
Il est temps pour Oz de voler de ses propres ailes, et de se défaire de ses précepteurs. Après tout, nombre sont les malandrins qui se damneraient pour guincher à ses côtés (toujours plus).
Syn jette un dernier regard au couple de fiancés, alors que débute la festive chorégraphie. Tant qu'il a la main de Ringer dans la sienne, tout se passera bien.

En grandes pompes (funèbres) : voilà ce qu’on m’a dit. Que tout doit se faire de manière fulgurante ; et c’est ce que j’ai prévu d’être. Drapée de rouge et de noir, même si ce n’est pas bien joyeux pour ce genre de cérémonie, les fleurs purpurines s’épanouissent dans le moindre de mes voiles translucides, offrant un océan de noirceur aux yeux malintentionnés qui pourraient se poser sur les courbes de mon corps. Je barricade mon esprit, le camisole avec avidité pour que personne ne force les portes de mes pensées. Pas même mon bras droit, la deuxième tête du Cerbère, l’homme qui partage mes envies et mes nuits, l’un des rares à s’être faufilé sous ma carapace. Lui non plus ne sait pas ce qui traverse mon esprit, même s’il doit bien s’en douter ; ces jeux politiques n’ont jamais été mon fort. Je préfère de loin les missions sous-marines, celles qui permettent de laisser ruisseler des océans de sang. Je ne saisis pas bien pourquoi on me fait mander à cette fête en particulier, si ma venue est vraiment indispensable, mais quand l’Empereur ordonne, je courbe échine, sans mot dire.

Peut-être qu’il y aura quelque chose d’intéressant, ma foi.  Et ce ne sera certainement pas Goupil, qui pourrait foudroyer d’ennui quelqu’un sur place. Mais j’ai depuis longtemps appris à faire croire aux hommes qu’ils sont le centre du monde – de mon monde – et d’un sourire gracile, d’une œillade énamourée, ils s’ébaubissent et en perdent le fil de leur pensée.

Mais aujourd’hui, je ne suis pas le met convoité ; voilà que Goupil a trouvé chausseur à son pied. Ou en tout cas, la godasse ne s’enfile pas trop douloureusement – pour lui, car elle, rien ne vient dévoiler ses pensées. En parents avertis, nous avons convié dans notre sillage la jeune Ozalee, dont je commence à tisser les toiles d’araignée avec lenteur. Elle est si gracieuse, si gracile, si prête à se dévouer à la cause – si farouche qu’elle ne sait pas encore, bien sûr. Je ne sais pas si c’est son parfum de rébellion ou d’harmonie que j’ai aimé en premier, mais j’ai lu dans son regard, senti dans l’écaille de son esprit ouvert à la contemplation, qu’elle ferait une arme de choix dans notre arsenal dépareillé. J’aime les gens brisés, abandonnés, salis et détruits, j’aime les gens cabossés et rejetés. J’aime les gens comme moi, et qui, quelque part, ne peuvent justement que compter sur ma présence. Mes griffes se refermeront bientôt sur son cœur palpitant, rouge comme nos ailes, rouge comme le sang.

Mais Syn est là, navire dans ma tempête, qui me garde alerte. Il félicite, j’acquiesce, l’esprit ailleurs, faufilé dans des desseins qui ne regardent que moi. Jusqu’à ce que Syn m’offre une main, paume ouverte vers le monde. J’y faufile mes doigts avec plaisir, un sourire étirant mes lèvres rougies par le maquillage outrancier. Quand les courbettes s’échangent et que nous dansons l’un contre l’autre, loin d’Oz qui doit trouver sa place dans ce théâtre déstabilisant, je ne peux m’empêcher de lui souffler à l’oreille : « Pourquoi est-ce que j’ai l’air plus heureuse que cette pauvre fille à son propre mariage ? Bon sang, faisons quelque chose pour écourter ses souffrances. » Petite pique amusée, parce que Syn et moi avons une notion très particulière d’amusement, et que ce n’est certainement pas en écourtant des souffrances que nous y parvenons. Mais ce serait une conversation bien inconvenable pour le sérieux de cette cérémonie.

Je me décide à changer de sujet, sachant combien mon cavalier sait danser sur le fil de mes pensées. « Tu crois qu’elle va s’en sortir ? » Mon regard ne s’échoue même pas sur Oz, que je n'ai pas gratifié d’une seconde d’attention. Souffler le chaud et le froid ; c’est ainsi qu’on dresse les chiots dans un chenil. Offrir une caresse quand il s’y attend le moins, pour qu’il continue de quémander la prochaine fois. Et je tisse, tisse, tisse, ma toile dans l’esprit de la jeune recrue. Au fond, je l’aime bien. Mais quel terrible aveu ce serait faire : il n’y a que l’amour dans ce monde qui puisse véritablement briser des gens. Après tout, c’est ce que les jeunes gens s’apprêtent à célébrer : jusqu’à ce que la mort nous sépare. Et je ne peux m’empêcher de ricaner. Quelles idioties.

Spoiler:

Si l'ambiance est à la fête, Goupil et sa promise semblent s'ennuyer ferme à présent à force de recevoir des félicitations qui ne sont pas forcément sincères. La file devant eux s'amenuise, il est bientôt temps pour eux de rejoindre le reste des invités sur la piste de danse aménagée entre les immenses tables de buffet. A moins que le futur couple ne souhaite d'abord se restaurer, entre les plats de viande de coureur et quelques mets plus exotiques venus de Junfark et des îles Lozia - on met les petits plats dans les grands pour montrer qu'on est pas des paysans voyons ! Seulement dans la file, quelques individus semblent suspect. Air sombre, capuche rabattue sur la tête, ça sent le sapin et surtout pourquoi personne n'a arrêté ces gens ? Qui sont-iels ? Vous savez que cette fête est placée sous le signe d'une menace, mais laquelle ? Est-ce votre côté trop suspicieux dû à votre occupation première qui vous rends sensible à ce petit duo habillés comme à un enterrement, ou est-ce que vraiment quelque chose se trame dans ces avant-derniers invités ?

   

Le monde est rapidement chamboulé. Nous dansions, et quelques secondes plus tard, mon sixième sens s’éveille, comme un dragon à l’arrière de mon crâne. Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale, et je me tends. Syn doit saisir au même instant que quelque chose ne va pas, car ses prunelles deviennent soudainement celles du prédateur que j’affectionne le plus. « Tu les as repérés, toi aussi ? » Mes mots ne sont qu’un murmure tandis que nous évoluons avec volupté au sein des corps dansants. J’ai perdu Ozalee dans la foule mais elle soit savoir comment agir pour le moment. « Quelque chose d’étrange se trame. » Nous avons les pieds et poings liés pour le moment ; nous ne sommes pas sur un terrain conquis comme à la Capitale. « Allons-y. » Je n’ai pas besoin d’un mot de plus, voilà que nous sommes des ombres nous rapprochant de l’estrade, prêts à défendre les terribles mariés – et je confirme qu’ils n’ont toujours pas l’air d’avoir envie d’être là. Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule, ne veux pas abandonner Ozalee à elle-même.
Et pourtant. C’est une grande fille. Elle sait se défendre. Elle est entraînée pour ça, après tout.

Spoiler:

Vous vous êtes rapprochés, sous le regard morne de Goupil qui continue de recevoir les félicitations d'usage. Sa dame, quant à elle, semble irritée de voir à nouveau une autre femme aux atours somptueux se rapprocher trop près de l'estrade. Essayez-vous donc de voler la vedette à la reine de la soirée ? Elle darde longuement son regard sur Ringer, et ses yeux sont insondables. Elle retourne enfin, au bout de quelques instants, au reste de la file pendant que vous continuez de danser et qu'Ozalee, perdue entre les banquets et les mouflets divers qui s'accrochent à ses jupes dans l'espoir d'avoir un peu d'attention braquée sur eux, cherche certainement à vous rejoindre - mais la foule presque compacte vous sépare. Le drôle de duo avance lui aussi dans la file, se rapproche dangereusement des invités d'honneur mais aucun de vous n'est capable de voir leurs yeux ni leurs bras, astucieusement cachés dans leurs atours. Un des serviteurs du côté d'Ozalee semble auréolé d'une brillante aura sous ses cheveux couleurs de blé d'été. A bien y regarder, deux autres serviteurs postés à des coins opposés aux vôtres, semblent être un peu trop dans l'ambiance de la fête au lieu d'être concentrés sur les demandes des invités. Un rappel à l'ordre sera fait de la part de l'une des dame de compagnie, sévère, habillée également tout en noir.