(fb) désastre des astres -- nithya

Tout semble si calme. C'était à se demander comment un tel havre de paix pouvait trouver place sur ces terres désolées et aussi chaotiques que le sont les contrées de Junfark. Silence lunaire, (p)berce-cœurs sous sa lumière. Rondeur charnelle, hypnotique, se fait mère et juge de ses observateurs. Croissant la témoigne cachotière en ces heures fatidiques et plonge ses admirateurs dans une nostalgie d'ailleurs. L'œil hagard est capturé par sa splendeur. L'on raconte que les yeux sont le reflet de l'âme, alors ici, en cette heure, que Lune appose son jugement, car dans le miroir d'Ozalee l'on y trouve un nouvel ordre noirceur.

La nuit terrifie les enfants. Ceux qui ne savent plus laquelle, réalité ou chimère, est gardienne lorsque l'autre est spectre pose linceul de leurs plus grandes peurs. Finalement, avait-elle seulement quitté ce monde-là si ce n'était pour en rejoindre un autre régi par les mêmes règles. Destinée souveraine n'est ni chimérique ni réelle.


Siffle au creux de son cou la brise mortifère, vieille amie. Caresse sa longue tresse que l'on confond au plumage corbeau. Larmes tenaces assèchent sa peau pâle. Et au ruisseau de sel prend une toute autre image rougeoyante, la pupille elliptique sous sa lueur funeste. N'est plus que l'ombre, de cette carcasse recroquevillée. Halo lunaire n'est plus que mare aux reflets rougeoyants. Les dextres gisent et glissent perles de sang jusqu'à retrouver mer(e) vermeil. D'un souffle retient réminiscence, de ce corps abimé qu'elle a tant peiné à reconnaître du premier regard. Les plaies pissaient de ce fluide qui ne cessait de vouloir lui échapper. Les tissus imbibées faisaient illusions sous les cris et les pleurs. Paupières immobiles, la vue se trouble et vacille. A la faveur de l'horreur, vient enfin l'arôme cruorique. Entrailles en tenaille de la peur. Ou peut-être bien l'inverse. Instinct primaire éclate. Expire la rage, expie images délétères. Les griffes qui se serrent lorsqu'elle retrouve oxygène noyer ses poumons. Incontrôlées les larmes salutaires, qui imprègnent ses traits fatigués par ces nuits sans sommeil. De hargne elle tente d'arracher cette chair maculée comme s'il lui suffisait de nettoyer par ces eaux pour que disparaissent les tâches imaginaires. Mais lorsqu'enfin la douleur est telle sur sa peau contusionnée et éraflée, alors elles disparaissent. Cercle diaphane qui l'entoure retourne à l'ombre et perd ses reflets car la lune derrière ses nuages se détourne d'elle ; enfin l'encéphale cesse sa tourmente.


D'un nouveau lendemain, où chaos tapi s'apprête à étouffer les restes des cendres pour qu'elle ne s'embrasent plus jamais. Did he succeed this time? Bataille (en)rage, aux crocs acérés. La Dragonne avait survécu. Non sans mal ni douleur. Non sans entrevoir sa petite mort. Extirpée de sa faux, et à cela, nul répit ne serait accordé. Les braises, sous la cendre étouffée, bientôt, s'embraseront de nouveau.

Repère de l'astre qui fend son ciel et qui annonce que le sablier a presque fini de voir perler ses grains. Il est bientôt l'heure, car tout juste avant le lever du jour elle doit partir. Tout quitter -encore une fois.
Amertume lacère la gorge, et en cela elle sait qu'elle ne vit pas son cauchemar, ou quelque autre cauchemarde sa vie. Les picotements sont caustiques, ferait don de beaucoup si cela lui permettait de lâcher la gerbe et laisser les ressentiments derrière elle. Ozalee ne comprenait pas. Ou bien ne voulait pas comprendre. Peut-être même un peu des deux. Depuis cette sentence prononcée, solitude était devenue mère de sûreté. Un atour qui ne lui seyait définitivement pas. Nombreuses avaient été les souffrances, mais en ce jour-ci une seule était capable de surpasser toutes les autres. Alors en guise d'au revoir, elle fuirait même jusqu'à son regard. Vie au rythme des désastres, d'autant de temps à le chercher, elle avait fini par le trouver ce foyer. You're my home.

Myocarde pèse son poids dans la poitrine mais semble mort, aux quelques-uns des regards extérieurs qui l'observent, de leurs rictus en compassion, traduisent mille-et-un-mots. Après tout, le Coven des Nymphéas avait été refuge sûr durant près de huit années. Elle devait tout quitter, tout recommencer. Deuil au visage, Oz martelait fierté au crâne tandis qu'elle veut hurler sa peine. Elle lui en voulait tellement, de l'envoyer ailleurs, l'obligeant à tout laisser ici. Qu'à cela ne tienne, alors rebelle avait choisi ce petit matin qui peinait à se lever, à quelques heures de son départ orchestré. Chiot aux abois donc les membres traînaient leur culpabilité, tournant le dos aux terres-foyer. Tournant le dos à sa mère. Aux billes fixées droit devant, l'appelle déjà cette nouvelle destinée, et le cou qui se tord lentement pour une dernière envolée, et ainsi voir son visage familier. « Mother... » Elle lui avait pourtant dit mille fois de ne jamais regarder en arrière.

Magie peine à réapparaître entre ses doigts, se convulse sous les paroles chantantes de la sorcière. Elle tente, encore et encore. Et si elle réussit à effectuer les sortilèges de niveau un, sa magie se montre récalcitrante pour tout ce qui est un peu plus compliqué. Il faut que tu t’entraînes à nouveau, c’est comme un muscle. Lui avait dit Jaheira quelques jours plus tôt, alors qu’elle avait croisé Nithya écumant les grimoires à la recherche d’un moyen pour retrouver sa magie plus rapidement. En vain, comme si tous les recueils s’étaient fermés pour l’empêcher d’accomplir son destin, de retrouver ce qui lui avait été dérobé.

Elle jette le grimoire sur le plancher de la bibliothèque du coven, puis se rend jusqu’aux dortoirs. La porte s’ouvre sur une guérisseuse, avec laquelle elle échange un sourire léger. A l’exception d’un lit, tous les autres étaient libres. Elle avait passé des semaines dans cette pièce, avant d’être enfin rétablie. Elle avait compté les jours et les heures, allongées sur ce lit de camp, observant les astres et la lune comme si elles s’attendaient à ce qu’ils la délivrent de sa torpeur, de sa souffrance. Désastre des astres. Les constellations n’avaient amenées que les prières salvatrices des sorcières du coven, leurs potions et leurs onguents. Et une lumière, une lumière si dense qu’elle avait réussi à repousser les noirceurs qui s’agitaient tels des tentacules. Ozalee.

L’enfant prodige, l’enfant désabusée des étoiles et de leurs affres. L’enfant surprise, qu’elle n’aurait jamais pensé avoir. Celle qu’elle avait sauvé des flammes par les siennes, celle pour qui elle s’était battue pour la survie. Elle était son véritable, pour toujours et à jamais. Celle qu’elle n’abandonnerait jamais, celle pour qui la vie comptait plus que la sienne. Et c’était pour cette raison, qu’elle s’était à nouveau rendu jusqu’ici, dans cette pièce du monastère qui l’horripilait au plus haut point. Ses ambres gravitent dans la pièce avant de se poser sur le Laëris en train de faire ses bagages. @Jasper Aurdoza, avait été son compagnon de chambre durant toute cette guérison. Il avait été celui qui l’avait tenu éveillé les soirs trop difficiles par ses inepties et par ses ronflements, celui qui la courrouçait les matins où elle se laissait aller aux ténèbres et à la peine. Si elle n’avait pas dit haut et fort qu’elle le considérait comme un ami, elle le pensait réellement au creux de son palpitant. Les deux êtres s’échangent un regard avant qu’elle ne daigne ouvrir sa bouche. « Kirimvose, Jasper. » Elle avait une dette envers lui désormais, qu’elle saurait lui rendre. C’est avec hésitation, qu’elle s’approche de lui et le serre dans ses bras. « Take care of her, please. She’s all I have left. » Un dernier au revoir, avant de se rendre jusqu’à sa nouvelle demeure.

Elle avait aménagé la demeure pour elle et sa fille, dans l’espoir qu’elles puissent vivre ensemble ici. Elle s’était vu la choyer, l’instruire et l’éduquer. Mais plus que tout, elle s’était vu l’aimer. D’un amour inéluctable, d’un amour pur, qu’elle n’avait réellement porté que pour trois personnes jusqu’à maintenant. Ses parents, et le fils qu’elle avait perdu. Celui là même que Fimjir lui avait dérobé de ses mains grossières et chétives. Elle avait fait pendre des portraits d’Ozalee sur les murs, accompagnés de paysages diverses et variés des différentes régions de l’Empire. Elle en avait visité certaines tandis que d’autres restaient encore à découvrir. Elle avait promis à Ozalee qu’elles iraient ensemble, et voilà désormais qu’elle se devait de retarder cette promesse. Car Nithya craignait pour sa sécurité. Si sa magie était revenue à son paroxysme, si les flammes destructrices avaient toujours été siennes, elle n’aurait jamais choisi cette option. Mais il était évident désormais, qu’elle n’était plus en acte de protéger celle qu’elle avait juré de placer avant sa propre vie. C’est pourquoi elle avait demandé à Jasper, d’amener avec lui la jeune hybride. Elle serait plus en sécurité à Orclyn, s’était-elle dit. Oh comme elle espérait ne pas se tromper.

Elle naviguait dans la chambre de sa fille, observant les tapisseries aux murs, les soies et les draps qui pendaient ci et là et donnaient une atmosphère typique des goûts et couleurs d’Oz. Cette dernière devait déjà être en route pour rejoindre Jasper et partir pour la terre des Laëris. « Mother… » Le mot l’avait stoppé net, voix brisant le silence des fulminements des pensées de la sorcière. Non, elle ne devait pas être là. Elle aurait dû avoir rejoint Jasper, ils auraient déjà dû avoir passer les portes de la ville. Le myocarde se serre, tandis qu’elle s’approche d’elle d’un pas rapide. Ses mains attrapent les joues de la fiel, baiser qui vient se poser sur son front. « You should’nt be here, my daughter. » Non, et ça lui brisait le cœur. « Please, tell me you don’t have second thoughts. »