– nous choisirons les enfers (fb)

1256. Orveil.
Cela fait maintenant quasiment un an que Kylin est de nouveau seule. Celle qui lui avait trouvé une voie, celle qui l’avait aidé à grandir, à sortir de la rue ; celle qui avait donné un sens à sa vie, avait perdu la sienne. Un an désormais qu’elle chevauchait à travers tous les royaumes, dans une quête sans avenir et sans but. Dans une absence de quête.
Elle ne savait pas qui devenir, elle ne savait pas quoi faire, ni où aller. Qu’elle était le sens de la vie, maintenant qu’elle revenait au point de départ ? Bien sûr, elle avait désormais de nouvelles compétences, une autre vision du monde, mais à quoi bon si personne n’était là pour la partager ? Les mois suivants la mort d’Adna avaient été difficiles. Particulièrement éprouvants. Chaque réveil lui coûtait énormément, chaque entrainement lui coûtait moralement. Jusqu’au jour où, alors que les aurores éclairaient la ville, une brume l’a parcouru. Une brume, ou plutôt une reviviscence de sa mentore. Elle sut. Jamais elle ne serait seule. Par de là les mondes, par-delà les limites du tangible et des esprits, Adna serait là. Pour la guide, pour l’épauler. Et ce jour-là, comme pour tous ceux qui ont suivis, elle dansa au rythme de sa respiration, répétant inlassablement les enchaînements doux et profonds qu’elle lui avait montrés ; à ses côtés. Elle ne saurait l’expliquer et, elle savait pertinemment que ça pouvait être un songe, une vision de son esprit. Mais elle était certaine, son cœur le lui criait, qu’Adna marchait sur ses propres pas.

Il avait été difficile de rester dans la ville qui avait vu la mort de sa mentore, alors elle était partie. Quelques mois. Trouver du travail à droite et à gauche, découvrir des paysages qu’elle n’avait jamais vue. Elle était partie se reconnecter, à sa Voie intérieure, celle qu’Adna lui avait ouverte. Elle avait repris goût à ses entrainements, accentuée chaque mission qu’elle se donnait. Jusqu’au jour où elle avait accepté un petit travail alimentaire. Elle oscillait entre quelques vols à l’étalage, sentant pourtant la répréhension de sa mentore sur elle, quelques actions de prostitution (qui payaient très biens) et quelques travaux salissants, qui avaient le mérite d’améliorer sa force physique. Puis, les premiers contrats arrivèrent. Les premières personnes dérangeantes à supprimer. La première fois, ce fut difficile, laborieux et salissant. Puis, au fur et à mesure, elle choisissait ses contrats, réfléchissait à la somme qui lui était proposé, au risque qu’elle encourait. Souvent, il s’agissait de personnes qui auraient mieux fait de ne pas fouler Atalan. Alors, ça lui facilitait la tâche. Il y eut quelques accidents, quelques personnes qui tentèrent de la forcer, de lui couper le chemin ou d’intenter à sa vie. Quelques cicatrices vinrent habiller son corps et, avec le temps et l’expérience, elle prit d’autres contrats.
La vie n’était désormais plus la même. Et bien que son assurance était encore en construction, Kylin ne se sentait plus aussi intimidée et triste. Elle sentait qu’elle avançait, à son rythme, sur sa Voie. Elle savait. Un jour ou l’autre, elle serait fière. La douleur allait finir par s’estomper. Ce n’était pas la première fois que la vie lui jouait un drôle de tour. Ça ne serait pas différent cette fois ci. Il suffisait d’attendre et de prendre le temps de guérir. Un jour, les souvenirs de sa mentore ne seront plus aussi douloureux. Et qui sait, peut-être qu’elle pourra parler d’elle sans avoir la larme à l’œil.

C’est ainsi qu’elle repartit sur les routes. Passant d’une ville à une autre, pour trouver un contrat, une mission, un endroit où rester quelques jours. Elle devenait une femme à tout faire et, se voyait ravie de chaque nouvelle expérience. De chaque nouvelle compétence qu’elle développait. Cette fois-ci, on lui demanda d’achever un homme. Une personne peu recommandable, qui avait dérangé la mauvaise personne. Des dettes. Un égo. Des combats. Elle ne se souvenait pas vraiment de toute l’histoire et, pour le peu que ça lui importait, elle avait accepté la mission. La petite somme proposée en échange de la preuve de son décès était intéressante. Suffisamment pour lui permettre de voyager à nouveau. Alors elle était en route pour Orveil, cette cité portuaire qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de découvrir. Elle arriva en plein jour, à cheval. La Syràn décida de se laisser guider, elle choisit une petite auberge où elle laissa sa jument, et entreprit de découvrir la ville à pied. Rapidement, comme à son habitude, elle termina sa visite sur les toits de la ville. Un point en hauteur finit par attirer sa curiosité, sur lequel elle s’installa pour regarder le coucher de soleil. Elle profita de son point de vue pour admirer la ville et ses quartiers, avant de repérer l’endroit où son contrat allait s’endormir. Elle partir alors à sa rencontre, cherchant des traces de sa présence.
Grâce à son contact, elle savait où il travaillait, où sa famille (et sa maîtresse) créchait et, ainsi elle put le retrouver. A distance, elle le suivit pendant quelques heures, avant de le voir s’engouffrer dans une demeure, peu recommandable. Le temps changea petit à petit au cours de la journée, l’ambiance chaude et humide fut remplacée par un orage. Un orage grondant dans toute la ville, faisant vibrer le sol et les habitations. Tout à l’avantage de la Syràn qui pouvait donc aller plus vite, devant faire moins d’effort de discrétion. Une fois qu’elle fut certaine que sa cible était à l’étage, qu’elle n’avait pas pu la voir, elle s’engouffra. Elle fit le tour de la maisonnée, s’assura que personne d’autre que lui n’était à l’intérieur. Un coup d’œil derrière elle lui assura qu’elle n’était pas suivie. Elle poussa, d’un mouvement souple et silencieux la porte, qui n’était pas verrouillée. L’endroit, crasseux et malodorant, ne couvrait pas l’odeur d’alcool qui empestait des vêtements de la victime. Sans un bruit, et en se repérant à la lueur des bougies, Kylin monta les marches. Evitant, tant que possible, celles qui craquaient et, s’arrêtant le temps d’une respiration avant de repartir. Sans un bruit, sans déloger la moindre poussière, elle s’engouffra dans la chambre à l’étage. Avant que l’homme n’ai pu réagir, elle lui trancha la gorge d’un mouvement souple du poignet. Dans ses draps sales, elle essuya ses mains, ne voulant pas laisser de sang sur elle. Ça avait tendance à sentir vraiment mauvais.
Elle fit le tour de la pièce, ramassa quelques cristals d’étain qui étaient tombés au sol, lu quelques parchemins éparpillés sur la table dans le coin de la pièce et, sentit le changement avant d’entendre le bruit. Elle sentit, quelque chose. Quoi, elle n’en avait aucune idée. Elle savait, pourtant, qu’elle était en danger. Un rapide coup d’œil lui apprit que la seule fenêtre de la chambre serait trop longue à ouvrir, aller sous le lit était la meilleure façon de se créer des ennuis ; elle se retourna et décida de se coincer dans le coin, au-dessus de la porte d’entrée. Elle escalada la porte, passa au-dessus du chambranle, pour se coincer entre les murs. Poussant contre ses mains et ses pieds, tentant de glisser ses doigts dans les interstices de la pierre. C’était compliqué, fatiguant. Elle glissait sur la pierre, ses appuis étaient incertains. Elle sentit son cœur s’emballer et, alors qu’elle que ses jambes fatiguaient, quelqu’un entra dans la pièce. Elle poussa de toutes ses forces sur ses jambes, tentant de tenir, tout en arrêtant sa respiration. Un léger reflet argenté passa devant ses yeux. Serait-ce une lame ? Elle n’eut pas le temps d’en avoir la confirmation, ses appuis ne la tenaient plus. Dans la précipitation, elle n'eût pas le temps de sécuriser ses prises et elle tomba. Sans se retenir, profitant de sa chute pour se laisser tomber sur le nouvel arrivant.

HRP
J'ai fait un jet de dés tout pourri, j'ai donc décidé d'en tenir compte et de finir de la sorte le rp. Je te laisse choisir, avec ou sans jet de dés, si tu arrives à l'éviter. Soit Kylin finit par terre et je ferai un jet de dés pour te dire si elle évite ou pas ton attaque, soit elle finit sur toi, comme une patate.