Échos de Vin et de Verbe
Invité
âme
feu
lune
Invité
Échos de Vin et de Verbe
ft. @"Orylea Haveron"
Red Wine and Venison: A Dinner of Inquisition
In the soft glow of candlelight, every word spoken feels like a precious
gem placed into the silence, waiting to be polished by our exchanges.
In the soft glow of candlelight, every word spoken feels like a precious
gem placed into the silence, waiting to be polished by our exchanges.
Dès les premiers froissements de la soierie des rideaux par lesquels l’éclat matinal cherchait à se faufiler, le jeune héritier s’éclipsa du lit conjugal sans un geste en direction de cette créature aux cheveux d’or qui reposait à ses côtés, à une distance calculée, reflet de la froideur de leur relation. Il se mouvait avec la grâce féline d'un prédateur, évoluant dans ses luxueux appartement pour se préparer à la chasse à venir, défroissant les tissus et attachant les sangles de son attirail. Il savait bien que cette chasse, tout comme le partage du lit conjugal, n'était qu'une façade - un théâtre d'apparences où réputation et commérages dictaient la mise en scène.
Il finalisa méthodiquement son accoutrement, en ceignant une épée dans son fourreau richement orné, un arc et un carquois à son dos. Ses doigts bagués se refermèrent ensuite sur un morceau de papier qu’il avait préparé la veille et ce message trouva refuge sur l’une des tables basses, celle du côté du lit de son épouse. Declan quitta ensuite les lieux sans un regard en arrière, sans un geste tendre vers cette femme qui partageait sa vie depuis maintenant une année entière, emportant avec lui le poids des illusions et des convenances.
Ma chère Orylea,
Vous serez au fait de mon emploi du temps, car celui-ci sera inéluctablement lié au vôtre. À l’aube, je partirai à la chasse, conformément aux us et coutume de mon noble rang.
Je reviendrai en soirée, et il vous incombera d'être parée de manière appropriée pour m'accueillir lors d'un souper que j'aurai fait préparé.
Affectueusement vôtre,
Le cours de cette journée avait usé les cordes les plus sensibles du jeune homme. Des prouesses équestres aux maladresses qu’il s’évertuait à masquer sous un coup de talon habile, chaque moment était une danse entre l'apparence et la réalité. L'avancée aux côtés de ses pairs ne se faisait pas sans difficulté, mais Declan savait tirer parti de chaque interaction. Il profitait de leur proximité dans le sport qu’était la chasse pour faire valoir ses points de vue, ses idéaux et ses ambitions. Chaque mot, chaque geste était une manœuvre calculée pour planter les graines de ses aspirations dans les esprits influents.
Au détour des sentiers sinueux qu’ils arpentaient avec la vigilance acérée de chasseurs en éveil, le jeune Haveron rendait grâce aux cieux pour l'entraînement reçu de son vieux complice, Cassiel. Bien que cet apprentissage n'ait guère amélioré ses faibles compétences en matière de tir à distance, il avait au moins réussi à adopter l'apparence et la prestance d’un véritable chasseur, les aptitudes de côté. Les sous-bois, baignés dans une lumière tamisée par le feuillage dense et l’avancée de la journée, semblaient murmurer des secrets anciens, et chaque craquement sous ses pieds résonnait comme un écho de son apprentissage laborieux. Haveron avançait avec une assurance feinte, chaque pas calculé avec la précision d’un félin en chasse, dissimulant ainsi ses hésitations et ses doutes intérieurs.
Ils s’élancèrent tous lorsqu’on avisa qu’un cerf se trouvait au devant, bandant leurs arcs avec une synchronisation presque parfaite. Declan, faisant preuve d'une ruse calculée, contourna discrètement le groupe pour s'approcher de l'animal sans éveiller le moindre soupçon. D'une élégance mortelle, une flèche jaillit et le cerf s'effondra, frappé en plein cœur. Saisissant cette opportunité, le jeune héritier s'empara de son arc d'une main et agrippa les majestueux bois de l'autre, se proclamant ainsi le vainqueur de cette chasse.
Son laquais, fidèle et silencieux, ne soufflerait mot de cette supercherie, et les rires fusèrent, accompagnés d'accolades aussi fausses que les félicitations qui les suivaient. La clairière résonnait de cette mascarade joyeuse, où chaque sourire cachait la vérité et chaque geste n'était qu'un écho de la tromperie qui venait de s'accomplir…
…
De retour dans ses appartements à l’heure où le soleil déclinait, teintant le ciel de nuances d'ambre et de pourpre, le jeune Haveron dicta ses instructions pour la préparation d'une partie du cerf abattu, destiné à composer le festin de ce soir pour sa maîtresse et lui-même. Quant au reste, il n’en avait cure : que les serviteurs se servent et qu’ils fassent empailler la tête de la bête, un trophée qu’il offrirait à sa si douce obsession, désirant ainsi qu’elle reconnaisse ses prétendues prouesses, ou bien qu’elle y soit tout simplement forcée.
Il s'attela ensuite à ses ablutions, prenant tout son temps, savourant chaque instant de ce rituel. Il se nettoya méticuleusement, s'assurant d'être aussi présentable qu'il l’avait exigé de sa femme, Orlyea. Les étoffes richement brodées vinrent draper ses épaules, tombant avec une élégance étudiée, tandis qu'il s’aspergeait le visage de plusieurs volées d'eau fraîche, cherchant à effacer les traces des jeux et des subterfuges auxquels il s’était livré toute la journée durant.
Dans le miroir, son reflet renvoyait l’image d’un homme sûr de lui, maître de ses apparences, prêt à affronter la soirée avec une prestance calculée, dissimulant sous un masque de sérénité les tumultes intérieurs et les ambitions secrètes pour ce repas imposé. La pièce, baignée dans la lumière vacillante des chandelles, semblait murmurer des promesses d'avenir et des secrets à peine voilés, tandis qu'Haveron se préparait à jouer son rôle à la perfection, dans ce théâtre de pouvoir et de séduction.
Une fois arrivé dans la salle où une immense table, à la taille extravagante, ornait le milieu de la pièce, Haveron constata avec satisfaction que tout était parfaitement disposé. Les bouteilles de vin rouge, alignées avec une élégance discrète, attendaient patiemment l'arrivée de sa jeune épouse, tandis que le repas était parsemé de plats divers et fumants. Au centre de ce festin, le cerf fraîchement chassé trônait avec majesté, véritable pièce de résistance, sa prestance rehaussée par la lueur vacillante des chandelles.
Après avoir inspecté chaque détail avec une précision méticuleuse, il tendit la main pour s'emparer d’une coupe de vin qu’on lui remplit sans attendre. Il ordonna ensuite aux serviteurs de quitter la pièce, tous à l’exception d’un seul à qui il fit signe de rester sur place. Glissant quelques piécettes dans les mains de ces autres humbles sujets, il les remercia d'un geste aussi généreux que calculé, achetant ainsi leur silence et leur loyauté. Les domestiques, gardant la tête basse, s'éclipsèrent silencieusement, leurs pas résonnant à peine sur le sol de marbre, tandis que Declan savourait l'atmosphère de la salle, imprégnée de la chaleur des plats et du parfum enivrant du vin qu’il vint goûter d’une première lampée.
« À quoi s’est-elle occupée aujourd’hui? » débutait-il d’un timbre tout aussi autoritaire que pressant, alors qu’il faisait rouler le contenu de sa coupe d’un simple mouvement de la main.
« Une.. Dame du nom d’Adall a fait irruption dans vos quartiers, Messire.. Il semblerait qu’elle se soit imposée et soit restée bavarder un bon moment...» Au timbre du pauvre homme, il était évident qu'il savait avoir commis une erreur. Et l’arcade sourcilière pointée du jeune héritier en fut la preuve, alors que sa mâchoire eut un craquement subtile sous la tension exercée. «Imposée, dis-tu? Quel concept étrange... Prépare une annonce, l’incompétence demande un renforcement du personnel. Quel homme ferais-je si je ne m’assurais pas de la sécurité de mon invité? Et assure-toi que mes mots soient bien compris - c’est de ton incompétence dont je me souviendrai, à moins d’un retour exemplaire »
Le serviteur inclina profondément la tête en signe de compréhension sincère, puis fit quelques pas en direction de la sortie pour s'atteler à la tâche. Declan, d'un signe de tête, l'intimait de disparaître de sa vue. Arrivé près de l’arche, la voix impérieuse de l’Haveron brisa à nouveau le silence de la pièce.
« Va chercher Ma Dame sur-le-champ. Dis-lui qu'elle est en retard. » ordonna-t-il d'une voix impérieuse.
Du bout des doigts, il approcha la coupe de ses lèvres pour les y tremper de nouveau, et s’appuya nonchalamment contre l’un des murs en face de la porte par laquelle Orlyea ferait son entrée. Ses lippes se pincèrent dans l’effleurement d’un sourire carnassier, trahissant à la fois une impatience mesurée et un agacement sincère. Il se tenait prêt à accueillir son épouse, la pièce baignée dans une atmosphère de luxe et de préparation minutieuse, chaque détail orchestré pour impressionner et captiver. Le temps semblait suspendu, chaque seconde augmentant son anticipation et son excitation à l’idée de la voir enfin franchir le seuil, prêt à jouer son rôle avec une maîtrise parfaite…
Cristals réclamé
|
|