please can we just say pretty lies (ft. Thane)

S'il y avait bien quelque chose qu'elle avait mal à gérer, c'était ses sentiments. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait fuit lorsqu'elle s'était rendue compte de l'importance que les crocs avaient à ses yeux, lorsqu'elle avait réalisé que plus jamais sa vie ne serait pareil. Déjà, on passait rarement une dizaine d'années avec les mêmes personnes sans que ça ne la laissa une marque, mais c'était pire que ça ; une fois seule, sur un autre continent, à se cacher, elle avait senti tout le vide qu'ils avaient laissé. Ne restait plus qu'un cinquième d'Ella Dytir, et pas la partie qu'elle préférait d'elle ; ne restait que la gamine qui ne cessait de regarder derrière elle, de peur que son ombre cacha un coup fatal. Celle qui cherchait juste à survivre, sans plus ni moins, et qui ne prêtait jamais réellement attention aux autres parce qu'elle savait comment ça se terminait, chez les Dytir. Elle avait déjà pris des risques avec les Crocs, et soudainement cette possibilité de les voir mourir l'avait prise au cou, préférant la fuite à la confrontation de la situation.

Les années avaient été longues sans eux, et particulièrement solitaires. Des nuits froides et des jours sans rayon de soleil, pas de rire sincère, encore moins d'étreintes impromptues et de disputes pour des broutilles. Il n'y avait eu que le terrible et ignoble vide, qui prenait et encore toujours plus de place au fur et à mesure des jours, des semaines, des mois. Ce n'était pas une surprise qu'elle se soit jetée sur Jasper lorsqu'elle l'avait revu après des années, qu'elle ait tenté de s'échapper des griffes qui l'enserraient, la clouaient au sol, mais en vain.

Il y avait tellement de joie et de chaleur et d'amour à retrouver Jasper, Pantaleon et Thane tous ensemble qu'elle savait pas où mettre tout ça, Ella. Au début ça avait été, puis au fur et à mesure des heures, ça avait été de trop parce qu'il y avait trop de choses qui pesaient encore sur sa conscience, et qui continueraient à le faire. Déjà que se cacher face à Jasper était compliqué, mais alors prétendre face aux autres, c'était de trop. Alors elle s'était levée dramatiquement, avait prétendu qu'elle avait entendu assez de conneries et qu'elle allait prendre l'air avant d'en perdre son intelligence à son tour, puisque ça semblait contagieux ; s'était éclipsée le sourire aux lèvres et elle avait marché jusqu'à l'orée des bois, s'y plantant un moment, dans le calme qui la glaçait après le bruit ambiant qui ne se calmait jamais réellement avec eux. Les mains dans ses poches, elle mordillait sa lèvre inférieure nerveusement tandis qu'elle regardait à droite et à gauche, avant de pencher sa tête sur le côté.

-C'est pour pas que je te lance un sort à la tronche que t'as fait exprès de faire du bruit ? Je suis une femme forte et indépendante tu sais, j'ai pas besoin qu'on me suive, qu'elle se défendit avec un sourire en coin avant de regarder Thane. D'ailleurs...

Elle lui donna un léger coup de pied dans la jambe, le truc gentil qui fait même pas mal, juste pour signaler son mécontentement et pour se venger pour le tir expressément raté de tantôt. Tout le monde savait qu'il n'aurait pas pu rater son tir, surtout pas lorsqu'elle était si peu attentive et si visible.

-Ça, c'est pour la frayeur de tout à l'heure. Drôle de façon de montrer que je t'ai manqué, de me tirer dessus.

Mais il y avait quelque chose dans l'air que le brun affichait qui lui donnait l'impression que la situation était un peu plus grave que juste un tir raté, et peu à peu, Ella perdit son sourire et son sens de l'humour tandis qu'elle regarda de nouveau droit devant elle, les lèvres pincées entre elles.

Elle est partie, sans rien dire, sans prévenir. Ella. Qu'est-ce que tu as pu lui en vouloir. La peine qui l'emportait sur tout le reste avant que tu ne sois inquiet pour elle et finalement, la vie continuait. Tu ne pouvais l'oublier, mais tu ne pouvais pas t'arrêter de vivre, surtout que la suite de l'aventure n'aiderait pas. L'histoire t'a séparé des gens que tu aimais le plus, encore une fois, tu t'es senti blessé, même si pour Jasper tu n'as pu t'en prendre qu'à toi-même. Un instant seul, des jours qui te donnent l'impression de vivre des mois. Ton histoire a reprit là où tu t'étais arrêté quand les trois idiot.es t'ont alpagué.es. Prendre des contrats, tuer, effrayer, récupérer par la force des choses certaines possessions. L'argent avant la morale. De toute façon, tu ne connais pas les gens qui t'emploient, ni tes cibles. Objet utilisé pour faire le sale boulot, tu ne te vois pas comme un être vivant quand tu es sous contrat. Le cœur froid, tu oublies la beauté d'une vie, tu n'auras que tes démons nocturnes pour t'en parler.

Te voilà à devoir effrayer quelqu'un, sur l'instant à la description, tu n'as pas fait le rapprochement. Tes contrats te mènent loin de ton cœur, alors réfléchir un instant quand tu entends son nom ainsi que celui du demandeur, c'est presque comme si l'argent t'avait fait oublier tout le reste. Sans cœur, sans âme. C'est pour ça qu'on t'engage. Même si le prix te semble bien élevé pour ce qu'on te demande, tu ne peux qu'en être ravi. Effrayer la cible et lui rappeler que sa tranquillité restera éphémère. Facile, pas vraiment besoin de beaucoup se mouiller, bien payé, un plaisir au final. C'était ce qui était convenu quand ta chasse a commencé. Pendant un instant, en la voyant, ton cœur s'est arrêté. Le souffle qui se coupe, le cerveau qui comprend complètement ce que tu t'apprêtes à faire. Tu prends soin de vérifier que tu ne risques pas de la blesser, car tu ne le veux pas. Normalement tu n'es pas gêné à l'idée d'une simple égratignure, mais ici, tu te blesserais par la même occasion. Masque sur le nez tu as frappé, manqué, avant que tout cela ne tourne à la réunion de fête. Quand bien même ton premier regard sur Ella fut froid et distant. Bloqué dans ton rôle. L'assassin, avant l'amant.

Tu es resté silencieux sur tout ça, c'est mieux pour le reste du groupe. Ella n'a pas l'air de vouloir en parler, même si tu le sens, tu le sais, elle cache beaucoup à Jasper et Pantaleon. Alors en cette soirée tu la suis, sans forcer les choses, il faut dire qu'en approchant furtivement tu risquerais beaucoup. " Forte et indépendante ? Je le sais ça. Et moi un homme faible et en manque de ton amour." Tu prends une pose dramatique le dos de la main sur le front avant de t'approcher en souriant, sourire qui se transformera en rire quand elle décide de s'en prendre à ton tibia. " Hey, je ne t'ai même pas effleuré ! " Tu te mets à ses côtés, la laissant retomber dans un silence qui en dit long. Tu sais qu'il serait idiot de la faire fuir de nouveau, alors tu comptes prendre des pincettes, autant que tu le peux. Il faut avouer ce n'est pas ton fort. "  Pour info. Tu m'as vraiment manqué. Et maintenant que je te retrouve, je sais que j'ai eu raison de m'inquiéter. " Tu portes ta main à porté de celle de  la seule femme de ta vie, tu l'invites à la prendre si elle en a envie. " Je ne te forcerais pas à en parler. Je peux juste te donner le contrat, te laisser prendre conscience de ce que je sais. Même si je sais que surtout que tu t'es foutu dans une sacré merde et j'aurais pu être celui engagé pour y mettre fin, Ella." En un pas tu te mets face à elle. Tu lui laisses le droit de voir ton air de chiot triste. Tu es inquiet, plus qu'autre chose. Il y a bien longtemps que tu ne lui en veux plus d'être partie. Aujourd'hui la seule chose qui t'importe, c'est qu'elle est en danger, que tu aurais pu être celui payé pour la tuer, qu'il y a peut-être quelqu'un payé pour le faire.
Look me in my eyes
Tell me everything's not fine

Il fallait dire qu'Ella n'était pas douée pour dire la vérité, les mensonges coulaient plus facilement entre ses lèvres, roulaient sur sa langue et tout le monde y croyait parce qu'elle était foutrement convaincante. Les Crocs étaient les premiers à le savoir parce qu'elle était Vipère, elle était faite pour être la façade du mensonge, pour être le doux poison qui s'écoulait dans chaque organisme, à si petite dose qu'on ne le repérait pas. Avec les années, ils avaient pu plus facilement discerner la vérité du mensonge, mais il restait des choses qu'elle gardait pour elle. Des secrets qu'elle enfermait dans une boîte, et espérait que personne ne trouva la clé pour l'ouvrir et découvrir ce qui se cachait dedans. Elle gardait tout pour elle, encore et encore, jusqu'au jour où tout ça la rattraperait ; elle n'était pas aveugle à ce qui l'attendait, mais elle ne trouvait pas le courage de l'éviter pour autant. Elle s'était résolue depuis longtemps, mais la sorcière continuait à fuir, seule action constante de sa vie. Fuir pour survivre.

C'était une vie bien vaine, c'était vrai. Mais elle avait eu une dizaine d'années à vivre avec les Crocs, elle trouvait ça déjà pas mal, même si elle y avait mis un terme. Elle craignait de leur donner des faux espoirs, alors que c'était elle qui avait accouru jusqu'à Jasper quand elle l'avait vu, elle avait aussi été plus qu'enthousiaste à l'idée de revoir Pantaleon. Le fait que Thane fut là aurait pu être un signe du destin, mais Ella n'était pas du genre à croire en celui-ci. Si elle ne trouvait pas une façon de se soustraire de ces retrouvailles, de retourner au moins au bateau avec Jasper, elle était persuadée que ça tournerait mal. Peut-être que ça l'avait déjà fait et que ce n'était qu'une question de temps avant que la tornade ne vint les bouleverser, avant qu'elle ne se retrouva mise à nue, et pas de la façon dont elle aimait l'être.

L'air frais eut l'avantage de repousser la pensée de ses amours et de les laisser à leurs retrouvailles, bien qu'elle ne fut pas réellement seule et qu'elle ne se gêna pas pour le souligner. Pas qu'elle lui en voulait réellement de briser sa solitude, après tout, elle avait été la première à partir, et elle semblait bien repartie pour répéter le geste. Jasper lui avait rapidement mentionné l'effet de son départ mais sans trop s'éponger, mais elle imaginait bien que ça n'avait pas été plus facile pour eux que pour elle.

Un sourire se glissa sur le visage d'Ella face à la réaction de Thane. Elle avait oublié qu'il n'était pas sans reste quand il s'agissait de répliquer, quand il fallait aussi un peu la prendre en revers pour s'assurer qu'elle ne se faufilait pas. La présence du mercenaire la réchauffait un peu plus qu'elle ne voulait bien l'avouer, et son trait d'humour lui donna envie de continuer à prétendre que tout allait bien dans le meilleur des mondes.

-Un homme faible, peut-être pas, mais définitivement en manque de moi tout court, qu'elle répliqua en relevant bien la tête, puis offrit un clin d'œil avant d'accomplir un acte d'une incroyable violence, qui a dû tellement faire mal à son tibia que le syràn se mit à rire ouvertement, son qui n'avait plus résonné depuis longtemps dans ses oreilles. Qu'est-ce que ça lui avait manqué, bon sang, toute cette spontanéité. Certes, mais c'était quand même pour la tentative ! T'as quand même pas cru que t'allais t'en tirer comme ça ? Tss, elle secoua la tête comme si elle était dépitée.

Le silence vint s'installer entre eux tandis qu'il était à ses côtés. Ella crevait d'envie de juste fondre dans ses bras, lui dire que c'était pas grave, qu'ils pouvaient retrouver le reste du groupe, qu'ils pouvaient faire tout ce qu'ils voulaient et qu'elle resterait, mais c'était un mensonge qu'elle ne pouvait pas se permettre. Alors, les mains gardées au chaud par ses poches, elle resta à contempler la nature, à comparer la forêt avec les terres de Junfark, beaucoup plus hostiles que les terres elfiques. Junfark ne lui manquait pas, elle n'éprouvait que peu d'amour pour là où elle avait majoritairement vécu, mais il y avait tellement de bons souvenirs avec eux qu'elle s'était un peu réconciliée avec le royaume.

Les mots de Thane lui donnèrent l'impression qu'on enserrait son cœur. Elle avait toujours un peu du mal à croire qu'elle avait réellement pu leur manquer, à eux tous, elle qui prétendait seulement être indispensable, sans vraiment le penser. Partout dans le monde, on apprenait à des filles comme Ella qu'elles n'étaient pas grand chose, si ce n'était un ventre ou une personne qu'on pouvait sacrifier. Qu'est-ce que valait une sorcière qui redoutait ses pouvoirs et ce que ça engendrait ? Pas grand chose. Pourtant, elle leur avait manqué. A tous. Cette information traça son chemin dans ses pensées tandis que sa gorge se serrait, et elle déposa sa main dans celle de Thane, se laissa aller à ce simple contact. Elle réagissait toujours trop bien à chaque fois qu'elle avait un contact avec l'un d'eux, comme si tout son corps lui hurlait qu'elle n'avait pas d'autre place, pas d'endroit plus sûr que près de leurs corps. Et peut-être que c'était vrai vu ce qu'il lui disait. C'était donc bien quelque chose de voulu, une tentative de l'effrayer, et certainement qu'il y aurait pire à l'avenir.

-Pourquoi tu viens directement avec un sujet fâcheux, et pas juste un "Salut Ella, ça fait longtemps, désolée pour le tir, ça te dit qu'on fasse l'amour ?" ? Je te jure que j'aurais dit oui sans trop faire valoir le fait que mon corps méritait des excuses un peu plus longues, tenta-t-elle de rire alors que son regard croisa le sien. Comment pouvait-elle résister à un tel air ? Ce n'était pas ce qu'il y avait de plus commun de le voir inquiet, et lorsqu'il était arrivé, elle avait bien cru qu'il nourrissait toujours de la rancœur à son égard suite à son départ précipité, en leur accordant à peine des au revoir. Ella se rapprocha de lui et laissa son corps réagir, chercher après le contact, l'étreinte, et elle laissa son front s'appuyer contre celui du mercenaire. Je crains que la liste des personnes qui veulent me voir morte est en train de grimper. Dis-m'en plus sur ton contrat, qu'elle demanda dans un souffle. Mais je ne crois pas que ça soit un hasard que tu aies été choisi pour accomplir cette tâche. Tu sais que tu devrais faire plus attention aux contrats que t'acceptes ?

Si seulement elle pouvait comprendre à quel point elle a pu te manquer. Les mots ne semblent pas assez forts à tes yeux pour exprimer ceci. Peut-être parce que tu l'aimes terriblement, qu'elle n'est pas juste qu'un que tu apprécies. L'inquiétude et la peur de la perdre de nouveau pourrait te faire perdre la tête. Tu l'as senti au moment de décocher cette flèche. Tes sentiments qui prennent le dessus là où tu ne t'y attendais pas. L'habitude d'être froid et sans cœur quand l'argent est présent, mais tu sais aujourd'hui qu'il n'y aura pas de deuxième essaie.

Tu la laisses venir à toi, tu ne souhaites forcer aucun contact, aucun dialogue, tu veux juste qu'elle sache que tu es là pour elle. Que tu seras là, quel qu'en soit le prix. Quelle plaie. Tu te sens idiot, décevant pour ceux qui t'ont offert une nouvelle chance, mais heureux, pour ceux que tu aimes. " Oh. Te faire l'amour ? On aura tout le temps pour ça plus tard non?" Même si tu le dis sur le ton de la rigolade, comment ne pas comprendre qu'indirectement tu la supplies de rester. Un battement de cœur qui s'envole, un de plus volé par la vipère alors qu'une de tes mains glissent doucement autour de sa taille pour la ramener un peu plus à toi, tandis que l'autre vient doucement s'écraser contre sa joue. Douce caresses que tes pouces lui offrent, doux moments que tu essaies au mieux de rendre éternel dans ta mémoire. " Quelqu'un de bien trop puissant pour que tu n'ai pas une fabuleuse histoire à me raconter. " Tu la fixes dans les yeux un instant avant de ne plus pouvoir tenir ton rire. " Tu sais bien qu'il m'en faut peu pour prendre un contrat, peu importe si ça m'attire des ennuis par la suite. C'était vraiment bien payé pour ... simplement effrayer quelqu'un. C'est sûr que ça sentait l'arnaque. " L'argent encore et toujours, c'est ce qui peut donner l'impression au reste du monde que tu n'es pas fiable, qu'à la moindre sommes d'argent un peu haute, tu pourrais poignarder n'importe qui sans scrupule. Ce fût le cas et tu espères au fond de toi que c'est encore là, même si au fond... " Je suppose qu'en ayant accepté ce contrat tu puisses te méfier de moi." Parce que ta morsure est toujours fatal vile Cobra, quand on ne sait te charmer. IL n'y a aucune preuve que ce premier tire n'était pas qu'un premier avertissement, que la suite n'est pas bien pire. " Je préfère me mettre un sale type à dos... et refuser son argent que le moindre risque de te perdre." Personne ne t'a jamais entendu cracher sur l'argent pourtant, mais il y a des priorités, des choses, des gens, des sentiments, qui font que tu accepterais de prendre chaque coup à la place de Vipère. Ton pouce qui vient doucement effleurer ses lèvres alors que ton visage redevient neutre. Tu te perds dans tes pensées, dans tes regrets, mais ce contrat t'as offert plus qu'une simple prime. Tu as retrouvé celleux que tu aimes. " Je suis avec toi. Et cette fois si tu t'en vas, je viendrais te chercher même en pleine mer." Et mon dieu que tu as horreur de ça. Jasper peut en attester, tu n'es pas fait pour te sentir prit au piège sur un bateau.

-A ta place, je me jetterais directement sur l'occasion, on ne sait pas de quoi demain est fait, qu'elle répondit en sachant très bien qu'elle venait d'écraser ses espoirs.

Déjà lorsqu'ils étaient ensemble, ils ne savaient jamais de quoi demain était fait ; juste qu'ils seraient ensemble pour l'affronter, qu'ils gagneraient ou perdraient ensemble, et ça avait été suffisant. Sauf qu'Ella, elle avait toujours vécu ainsi, avec une cible dans le dos, et ce n'était pas étonnant qu'à chaque décennie passée, elle essayait de fuir ce qu'elle avait connu. C'était ce qu'elle avait fait après dix ans de prostitution dans un bordel, puis après dix ans avec les Crocs ; sauf que cette fois, elle avait eu milles craintes en plus. Elle avait senti tout son cœur se déchirer, et chaque pas loin d'eux avait été foutrement douloureux. Alors elle ne savait toujours pas de quoi demain était fait, mais ça semblait encore plus incertain avec ce que Thane lui annonçait.

-Je crains que je n'ai que des terribles histoires, et pas celles qu'on raconte autour d'un feu de camp en étant plus ou moins sobre, elle avoua finalement.

Seuls les gestes du brun l'empêchèrent de prendre quelques pas de distance. Mais ses gestes étaient doux, réconfortants, et elle sentait cette chaleur familière qui la gagnait, celle qui lui disait de rester, de se reposer un peu dans ses bras et d'arrêter de lutter, juste un peu. Ne plus fuir. Mais les informations qu'il lui donnait au fur et à mesure la rendaient tendue, et elle savait très bien qu'il le sentait, ne chercha même pas à le cacher. L'archonte d'Orveil lui lançait encore un avertissement mais celui-ci était plus tordu que les autres. Elle ne pensait sincèrement pas que Thane avait été choisi par hasard et ça la faisait bouillir, lui donnait envie de faire goûter les flammes à l'archonte ; le regarder alors qu'elle montrait sa puissance, qu'elle montrait que ce n'était pas parce qu'elle avait demandé sa protection que ça voulait dire qu'elle n'en n'était pas moins létale.

Non, ça ne l'aurait pas dérangée de créer l'apocalypse sur ce monde si les Crocs lui avaient été retirés, si on se servait d'eux pour la heurter elle ; c'était ce chaos en elle qu'elle appréhendait et qu'elle repoussait toujours un peu plus, et de temps en temps, elle se demandait si eux aussi ils l'avaient vu, qu'elle frôlait les limites de son contrôle, qu'il y avait une bête tapie dans l'ombre qui attendait son heure de gloire.

L'heure de gloire attendrait, parce qu'un de ses amours doutait de la confiance qu'elle avait en lui. La sorcière fronça les sourcils et ses mains se glissèrent dans le dos de l'assassin, le caressant du bout des doigts.

-Ce soupçon est inutile. Je me méfierai plutôt de moi-même avant de me méfier d'un de vous. Après tout, tu ne m'as pas touchée avec ton arme, qu'elle murmura.

Les mots prononcés vinrent serrer son cœur. Qu'est-ce qu'elle leur avait fait, par Fimjir ? Comment pouvaient-ils être aussi aveugles à ce qu'elle était, à ce qu'elle leur avait volontairement fait, et ce qu'elle continuerait à faire ? Ses yeux se voilèrent d'une tristesse qui lui était caractéristique ces derniers temps, et les mots coincèrent dans sa gorge. Alors, elle profita du peu de proximité entre eux pour embrasser Thane, y mettant tous les sentiments qu'elle pouvait dedans ; qu'elle les aimait mais qu'il y aurait toujours des au revoir avec elle, parce qu'elle voulait leur épargner le destin terrible qui lui arriverait tôt ou tard, parce qu'elle craignait trop de les perdre pour rester à leurs côtés. Quelle trouillarde elle faisait, Ella ; quelle place envieuse elle avait, d'aimer et d'être aimée en retour, c'était plus que ce que la plupart des gens n'avaient. Et au lieu de faire comprendre ça aux Crocs, elle embrassait Cobra, lui disait bonjour et au revoir à la fois, tandis que ses mains l'enserraient un peu plus, ne voulait plus sentir le moindre espace entre eux, pas même le vent de la soirée.

Je crois que c'était un péché de vous faire du mal de la façon dont je l'ai fait.

On pourrait presque entendre ton cœur qui se brise sous la puissance de ses mots. Ella ne compte pas rester, tu t'en doutais de toute façon, iels ont la mer, Pantaleon a son rôle de dirigeant, toi, tu as du sang sur les mains que tu ne peux retirer. Des gens comme Ella qui ont eu le malheur de croiser ton chemin un jour, qui ont eu le malheur d'être un de tes contrats, tu n'y penses jamais, mais peut-être qu'aujourd'hui, qu'en une flèche, tout est devenu réel. Montrer de la joie et de la camaraderie, rire, sourire, offrir à Ella la part de toi qu'elle aime. Du moins tu l'espères.

"Je ne suis pas le genre à payer des verres, mais si ça peut te libérer un peu, je pourrais faire une exception. " Iels savent tous que t'es le dernier à sortir ton argent, plutôt le genre à en voler pour payer avec par la suite, mais demain tu seras peut-être de nouveau loin d'elle, demain tu n'auras peut-être plus jamais l'occasion de lui prouver comme tu l'aimes. " J'en ai entendu des atrocités..."Tu y as peut-être même participé. " Alors si ça peut te faire du bien de lâcher prise quelques instants. Tu peux toujours compter sur moi. "  

La douceur dans tes gestes, tu essaies de la transmettre dans tes mots aussi, même si ton cœur se brise un peu plus à chaque instant. Tu écoutes ses mots qui sont toujours aussi dur envers elle-même, alors un instant de plus tu perds ton sourire, un instant de plus tu te sens fragile. " Et je ne le ferais jamais. Tout comme je ne laisserai personne le faire, même si tu es forte et indépendante. N'oublie pas que tu n'es pas seule. " Tu plonges ton regard dans le sien, essayant de lui faire comprendre que réellement, les crocs ont une importances dans ta vie que tu n'aurais jamais pu soupçonner et les retrouvailles t'aident encore plus à le comprendre. Tu aimerais lui dire, que son départ t'a blessé, que tu lui en voulais réellement. Peut-être qu'elle comprendrait à quel point elle compte, mais tu ne souhaites pas la blesser. Alors tu te tais, tu la laisses prendre possession de tes lèvres, de ton cœur une nouvelle fois. Tu laisses tes mains glisser jusqu'à l'arrière de ses cuisses pour venir la soulever, ramenant ses jambe autour de ta taille pour qu'elle s'y accroche si elle le souhaite. Tu la gardes au plus proche de toi, répondant à son baiser, laissant ses années de sentiments gardés enfin ressortir. Pour ensuite venir l'embrasser dans le cou, y rester un instant silencieux, un instant ou les yeux fermés, elle peut entendre ta respiration, saccadé, brisé, qu'est ce qu'elle a pu te manquer. Ta gorge est tellement serrée que tu n'es même plus sûr de savoir parler à cet instant. Tu déposes un nouveau baiser, simple, léger, tu tentes au mieux de calmer cet effusion de sentiments. " Restes un peu avec moi Ella, s'il te plait." Ta voix se brise un peu, tu as tellement l'impression d'étouffer, alors pourquoi ne pas perdre ton souffle une nouvelle fois un dans nouveau baiser. Alors que tu cherches le premier mur/arbre pour la plaquer contre, la garder contre toi.

Can you hear me screaming? Please don't leave me

-Si je t'en dis trop, je crains que ça se retourne contre toi. Mais... j'ai proposé mes services à quelqu'un qui n'aime vraiment pas ne pas avoir le contrôle. Et qui n'a pas apprécié ma tentative de fuite lorsque j'ai décidé de rejoindre Jasper, avoua-t-elle à mi-voix en le regardant ; il n'aurait pas plus d'informations sur la situation, parce que c'était la merde dans laquelle Ella s'était fourrée et que si elle devait s'en sortir, ça serait en s'extirpant toute seule.

Peut-être que des personnes réussissaient à capturer des serpents, mais c'était une toute autre aventure de les garder enfermés ; pour en avoir déjà vu, elle savait très bien à quel point ces animaux pouvaient bouger avec fluidité, rendant difficile le fait de les garder en mains. Elle savait aussi que des serpents pouvaient jeûner afin de se préparer à manger une proie particulièrement grande, mais elle n'irait pas jusque là ; pas quand elle risquait un peu plus qu'un simple conflit personnel. Mais elle pouvait assez sortir les crocs, laisser glisser le poison juste assez longtemps pour s'échapper.

Cependant, il semblerait que la Vipère sortait toujours son poison contre les mauvaises personnes. N'oublie pas que tu n'es pas seule. C'était bien le problème, elle avait envie de lui dire ; si elle ne les avait jamais rencontrés, elle aurait juste pu continuer à se soucier de son cul et tant pis des dégâts qu'elle laissait derrière elle. Elle aurait pu juste continuer à semer Astra et Daran, ne laisser dans son sillage que la mort de Bod qui avait eu la mauvaise idée de l'attendre, un soir où elle avait voulu se libérer. Se rebeller. Les Crocs paieraient juste parce qu'Ella ne savait pas s'agenouiller et s'avouer vaincue ; elle ne savait ni vivre, ni mourir, éternellement coincée dans cet entre-deux qu'elle entretenait.

Mais elle savait aimer.

Ella savait les aimer. Surtout eux, parce qu'elle n'avait jamais rencontré quelqu'un d'aussi tendre que Pantaleon malgré sa force physique ; personne d'aussi réconfortant que Jasper malgré son humour douteux ; et personne d'aussi soucieux que Thane malgré ses contrats. Malgré ses mains couvertes de sang, elle lui aurait laissé cent fois sa vie dedans. Il aurait même avoir son sang sur ses mains, qu'Ella aurait été ravie de mourir de son assaut plutôt que celui d'un autre. Mais à la place de la tuer avec violence, il la tuait avec passion et amour, répondant au baiser comme s'il s'abreuvait à la première source d'eau disponible après des heures sans une goutte, alors elle lui offrit tout. Ses jambes s'enroulèrent autour de sa taille tandis que ses mains glissèrent pour s'accrocher à ses épaules, bien qu'une se glissa entre le tissu de son haut et ses écailles, les caressant avec délicatesse.

Lorsque qu'elle sentit que ses lèvres déposaient dorénavant des baisers dans son cou, la sorcière pencha sa tête sur le côté, réduisit la distance entre eux si c'était encore possible, sentit le moindre de ses mouvements venir réchauffer sa peau. C'était injuste d'être à ce point incapable cacher l'effet que chacun lui faisait, encore plus étant donné les circonstances, en sachant que c'était impossible de rester ensemble, en sachant qu'ils pouvaient se raconter tous les mensonges qu'ils se voulaient ce soir, rien ne serait plus douloureux que les au revoir qui suivraient ces retrouvailles, qui sembleraient trop courtes. Trop évasives.

Mais y avait rien de plus douloureux pour l'instant que d'entendre les mots de Thane, de l'entendre se briser à cette demande. Aucun ne se regardait dans les yeux, comme s'ils avaient un peu trop bien conscience de la folie de cette demande, et pire, de la nécessité qui en ressortait. La respiration lourde, Ella resta silencieuse, incapable de formuler clairement ses pensées ; elle aurait dû lui dire que si elle le pouvait, elle resterait toute sa vie à leurs côtés, qu'elle créerait juste un bout de monde pour qu'iels s'aiment en paix, là, mais pas trop parce que sinon iels s'ennuieraient et feraient que s'engueuler.

Le brun n'attendit pas de réponse, certainement parce qu'il savait, et l'embrassa à nouveau, plaquant son dos à un arbre qui les éloignait un peu plus de la capitale elfe. Cette fois-ci, le contact eut raison d'elle et si elle sentait toute son envie pour lui qui grimpait, son corps lâcha enfin prise. Elle se laissa aller dans ses bras, et elle ne se rendit compte qu'elle pleurait qu'au moment où un goût salé vint s'interposer, lorsqu'elle recula sa tête et constata ses propres joues baignées de larmes, et qu'enfin elle enfouit sa tête dans la nuque de son amant.

-Je suis vraiment désolée, Thane. Je pensais pas que ça se passerait comme ça, sinon j'aurais trouvé une autre solution. Je suis désolée pour tout, qu'elle répéta à son oreille ; désolée pour leur rencontre, désolée pour les années passées, désolée pour son départ et désolée de lui faire subir ses choix, puis désolée en avance pour ce qui allait arriver de sa faute.

Ella ne pourra surement jamais comprendre à quel point tu t'en moques, tu n'as pas peur de mourir demain, ni même que le monde entier te déteste comme toi tu peux le détester. Tu prends note dans ta tête de ce qu'elle peut te raconter, tu n'oublieras pas. " La haine des autres pour moi je m'en moque. Je ne ferai pas ce que je fais autrement Ella. J'affronterais le monde entier pour chacun d'entre vous." Et tu la laisseras y penser par la suite, tu sais qu'elle peut-être têtue quand il s'agit d'elle-même, qu'elle ne voudra jamais accepter que s'aimer c'est aussi partager les moments difficiles et les vaincre ensemble. Tu comprends que demander de l'aider reste difficile, l'accepter l'est tout autant, mais tu n'abandonneras pas.

Le contact se fait plus réel, plus sensuel, plus vivant. Vous reprenez vos marques. L'ensemble de ton être vibre sous les caresses d'Ella. Tu baisses ta garde, deviens vulnérable, ta voix ne trompe pas, tes mouvements non plus, tu as peur. Tu ne crains pas la mort, tu ne crains pas le monde, tu crains la perte de tes amours. Ton cœur te fait souffrir, la suite de votre échange n'arrangera pas les choses. Le sel contre vos lèvres, ton souffle s'arrête quand tu comprends que la belle Ella pleure, que tu l'as peut-être poussé trop loin dans ses retranchements. Comme paralysé un instant, peu habitué à la voir ainsi. Tu ne sais pas comment agir, alors la première chose que tu fais, c'est de te baisser pour s'asseoir sur le sol, Ella se retrouvant sur tes jambes, même si tu as complètement failli vous emporter dans une chute terriblement ridicule, tu finis juste sur les fesses. Au moins, ainsi tes mains sont libres pour venir la serrer fort contre toi, pour passer des doigts sur sa nuque, caresser doucement sa peau, l'arrière de son crâne, déposant un tendre baiser contre son crâne. " Ne t'excuses pas Ella. Ce n'est pas grave." Tu caresses doucement ses cheveux avant de reculer la tête pour chercher son regard, même si tu te doutes qu'elle ne veut pas forcément que tu la vois ainsi. " Je n'aurais pas dû... dire ça. Excuses moi." Tu t'en veux. Tu t'en veux tellement de ne pas savoir l'aider. Tes pouces viennent doucement essuyer les larmes des joues de Vipère. Même blessée, tu n'as jamais eu peur qu'elle te morde un jour, du moins, pas de la façon que tu peux apprécier. Tu gardes son visage entre tes mains un instant avant de lui sourire doucement. " Ce n'est pas tes larmes que je comptais goûter, mais on va faire avec." Tu essaies de la faire rire, tu essaies de lui montrer que ça va. Que c'est difficile, mais qu'elle ne te perdra jamais. " Fais de moi l'homme le plus détesté de ce monde, je m'en moque, je veux juste être là pour toi." Vous allez tous mourir un jour, pour certain c'est peut-être plus proche que d'autres, mais rien n'est certain. " L'important n'est pas la fin du chemin, mais ce qu'on a vécu en le traversant. Les Crocs... vous êtes la meilleure partie du mien. Tu es une part lumineuse de ma vie Ella et... Tes problèmes sont mes problèmes que tu le veuilles ou non. Nos chemins se croiseront toujours."  Le beau parleur que tu es souhaites lui ouvrir les yeux, mais tu sais que ce ne sera jamais réellement le cas. Tu embrasses doucement le bout de son nez, alors que tes mains descendent jusqu'aux hanches d'Ella, repoussant totalement le moindre tissus pour pouvoir effleurer du bout des doigts sa peau.  Rien ne pourra la faire rester, la mer l'appellera, elle est plus sécurisante que toi. Jesper suivra aussi le même chemin, tu sais au moins, qu'elle n'est pas seule.   

-Mais moi je m'en fiche pas de te perdre parce que t'es le seul abruti prêt à affronter le monde, protesta vivement la sorcière.

La vérité ne sortait jamais avec délicatesse de sa gorge, mais elle avait au moins le mérite d'être si tranchante qu'on ne pouvait pas douter de cette sincérité. L'éclat dans ses yeux était beaucoup plus déterminé à présent, et il était certain que la prochaine fois qu'elle irait à Orveil pour rapporter ce qu'elle savait à l'archonte, elle chercherait après une ombre étrangement familière, et s'il fallait lui remettre les idées en place, Ella le ferait avec plaisir ; et puisque la délicatesse ne fonctionnerait pas, elle le savait, elle le ferait avec un peu plus de violence - pour ce qu'elle pouvait faire contre lui sans en venir à blesser ce magnifique corps qu'elle avait prié maintes fois.

Mais là, c'était plus facile de le prier encore une fois que de le menacer, plus facile de le laisser s'emparer de sa peau, de tout son corps, puis si seulement son cerveau avait pu se mettre au diapason avec son corps, parce qu'il aurait été plus simple de juste faire l'amour, de se perdre dans ses bras et puis oublier tout ce qui venait d'être dit. Mais Thane était la première personne depuis des années à qui elle disait un bout de vérité, et en cet instant, elle était terriblement fatiguée de s'empêtrer dans ses propres mensonges. Elle voulait juste être une femme qui aimait trois personnes, sans retenue, sans crainte. Elle voulait être à eux sans pour autant se sentir obligée de fuir parce qu'elle était inapte à l'amour, inapte à juste se laisser faire. Se donner entièrement sans craindre la blessure qui arriverait, indéniablement.

A la place de laisser leurs corps faire tout l'effort, elle pleurait dans ses bras comme une gamine qui venait soudainement de réaliser tout le mal qu'elle avait fait. Ella sentit que soudainement ils étaient plus bas, puis ses propres pieds à elle touchèrent le sol - un atterrissage mal assuré, visiblement - et elle s'accrocha d'autant plus à lui maintenant qu'ils étaient assis, laissa tout son corps se reposer contre le sien alors que les larmes dévalaient ses joues, son visage appuyé contre l'épaule de Thane, laissant ses mains venir caresser la peau qu'il voulait ; elle avait juste besoin d'une pause contre lui. Elle l'entendit sans répondre, parce que sa gorge était trop serrée pour, mais elle l'aurait bien frappé pour ses excuses. Peut-être qu'elle essaya légèrement, mais que ça ressembla plus à une caresse qu'à un coup. Après quelques minutes, ses larmes s'apaisèrent sous les gestes du mercenaire et elle eut un petit rire à sa réflexion sur les autres projets qu'il avait.

-Je suis une fille pleine de surprises, qu'est-ce que tu veux, Ella murmura en reniflant légèrement.

Elle glissa ses mains sur les bras d'un de ses amours tandis que ses mots faisaient leur chemin dans l'esprit d'Ella. Elle pinça ses lèvres entre elles tandis que le silence s'installa de nouveau entre eux. Elle voulait imprimer dans son cerveau ce qu'il venait de lui dire, tout en sachant qu'elle ne se penserait jamais à la hauteur de ce qu'il faisait pour elle depuis le début. Ses doigts caressèrent jusqu'à son cou puis son visage, ses yeux explorant chaque trait de celui-ci, en quête de chaque ride qui s'était rajoutée, de ses traits plus marqués maintenant que l'âge l'avait rattrapé à son tour.

-Je crois de plus en plus qu'on est quatre idiots incapables de se parler, et encore plus incapables de rester loin les uns des autres, elle tenta de rire à son tour, alors que son visage s'adoucit face à lui. Ces dernières années, j'ai fait beaucoup de cauchemars. Dès que ça concernait vos morts, j'avais soit envie de crever à mon tour au réveil, soit de tout cramer. J'ai jamais été aussi contente de vous savoir tous en vie, je te le jure, mais je sais juste pas quoi faire de tout... ça. Et c'est pas votre faute. La prochaine fois que tu t'excuses, je te fais taire, et ne pense pas que c'est de la façon que tu aimeras.

Enfin, la Vipère ne se cachait jamais loin et était prête à se rappeler aux Crocs, puis aux autres aussi ; derrière la beauté se cache le poison. Elle déposa quelques baisers éparpillés sur son visage, pour finir par déposer ses lèvres sur les siennes une nouvelle fois, dans un élan infiniment tendre et avec des allures de promesse.

-On se reverra. T'auras qu'à demander à Jasper de me surveiller, j'suis sûre qu'il sera content de trouver une excuse pour me mater toute la journée. Je veux juste que vous puissiez être libre de moi si vous en avez envie... et si vous en avez pas envie, j'imagine que je suis au bon endroit, alors, elle abdiqua enfin. Merci d'avoir assisté à ma crise existentielle... et je crois que j'ai toujours trop de vêtements sur moi. Parce que c'est pas chez les parents de Panta que tu vas pouvoir faire quoique ce soit, la sorcière se moqua en venant l'embrasser à nouveau.

Sa main droite grimpa dans la chevelure de Thane, y mit un bordel sans nom tandis qu'elle l'embrassait, s'appuyait peu à peu sur son torse jusqu'à l'allonger, un sourire mutin sur le visage tandis qu'elle se pencha vers lui.

-Bonsoir, mon amour.

Tw : Sexualité, sensualité.

Frisson quand elle te montre qu'elle n'est pas contente de tes mots. Tu sais qu'il ne faut pas énerver Vipère, tu laisses ça à Jasper, fuir le conflit, se taire. Plus un mot, du moins, peut-être que les mots dit de façon plus légère marcheront mieux. Tu as su briser les barrières d'Ella un peu, peut-être qu'elle te fuira un peu plus pour cette raison. Tu ne pourras que t'en mordre les doigts, Ella ne restera pas, tu le sais.  " Tu es une femme plus que surprenante Ella." De votre rencontre à aujourd'hui, elle t'aura surprit. Tu aimes la découvrir, tu ne jugeras jamais ses choix de vie, même quand elle vous a quittée, même quand elle vous quittera. Ils ont volés ton cœur, se le sont partagés et maintenant tu voyages avec eux, même quand tu n'as qu'une chope en main pour te tenir compagnie. Ce soir, tu retrouves celle qui est partie avec un morceau de toi en première. Alive again. Tu souffles un doux rire quand celle-ci semble te dévisager, t'observer un peu trop.  " Tu regardes à quel point je suis un vieux monsieur maintenant?" Tu lui souris, tu sais que Vipère restera bien plus longtemps que toi jeune, qu'elle continuera sa route quand tu n'auras plus la force pour. C'est dur à comprendre, dur à vivre, mais ça le sera surement encore plus pour eux. Pantaleon et Ella, qui semblent subir le temps moins violemment que toi ou Jasper.

Tu l'écoutes, sans quitter ses yeux du regard, sans quitter le contact de sa peau sous tes doigts, tu profites un peu en silence. L'air outré qui apparait sur ton visage n'est là que pour faire le dramatique. " Je n'ai même plus de droit de m'excuser? Ai-je le droit de te dire à quel point je t'..." Tu ne finis pas ta phrase, tu restes juste à sourire l'air taquin. " Des idiots qui ne veulent pas être séparées, mais incapable de dire les choses, c'est exactement ça."

Ton regard ne trompe pas, ses mots t'ont surpris une nouvelle fois, comment peut-elle imaginer un instant que c'est ce qu'un seul de vous souhaites?  "Je suis sûr que Jasper passe déjà ses journées à le faire..." Aucun de vous ne pourrait s'en  empêcher. " Et tu es donc définitivement au bon endroit Ella." Tu lui offres un tendre sourire avant de perdre ton regard sur les vêtements de la jeune femme, c'est vrai qu'elle est encore bien trop couverte à tes yeux. La déshabiller du regard ne suffit donc plus. Ton dos qui retrouve le sol pendant qu'elle t'embrasse, pendant que tes mains glissent le long de ses cuisses.

Mon amour.

Tu souffles un doux rire, restant sagement sous elle. "Nice to see you again, Queen of my heart" Dirigeante de  celui avec avec Pantaleon et Jasper, iels sont la partie la plus réelle de ta vie. Celle que tu chériras jusqu'à la fin. Tu viens la dévêtir de son haut. Un léger coup de hanches par la suite, peut-être que c'est par peur qu'elle ne te file entre les doigts en un instant. Mirage d'un passé qui te manque.  Tu viens la faire chavirer pour la faire s'allonger sur le sol, tes mains qui remontent sont corps, qui parcourent ses bras pour enlacer vos doigts, ainsi que les coincer au dessus de la tête d'Ella. Tu la regardes dans les yeux, souriant, taquin. Tu perds  tes repères un instant, admirant celle que tu aimes comme lors de votre première rencontre. Stunning. Baiser offert, alors que tu laisses la gravité rassembler vos corps, aussi proche que possible, lui laissant de l'espace simplement pour respirer. Tu prends sur toi pour résister à l'envie de parcourir sa peau de tes lèvres, parce que tu ne sais pas de quoi demain est fait, alors, tu comptes bien prendre ton temps, marquer sa peau pour les quelques heures à venir. Tongue, lips and teeth, let the sweet torture begin.

-Bien sûr que je suis plus que surprenante, mais vous préférez dire que j'ai un sale caractère, elle tenta de redorer son égo qui venait d'être écrasé par cette crise de larmes, par les bouts de vérité énoncés à Thane et le fait de comprendre ce qu'il venait faire aux Îles Lozia à la base, et surtout, ce qu'il avait refusé de faire.

Elle était d'avis que la vie de chacun aurait été plus facile s'il avait pu la tuer, s'il avait su le faire, parce que ça éviterait les saisons de galère à venir, ça éviterait les révélations qu'elle devrait un jour faire et leur expliquer qu'au début, pour elle, ça n'avait pas été sincère. Pendant quelques mois, les Crocs n'avaient été qu'une mascarade pour elle, un moyen de se protéger de sa famille et de partir du bordel où elle était depuis trop longtemps. Et quand on avait longtemps été prostituée, l'art de faire semblant était largement maîtrisé, alors ça avait été extrêmement facile ; les faire tomber amoureux d'elle, les laisser croire en une idylle entre eux toustes, c'était la partie la plus aisée. Comme si elle avait été faite pour cette comédie, pour briser les cœurs de ces hommes qui étaient certainement trop naïfs pour leur propre bien.

Le retour du destin avait été beaucoup moins drôle, lorsqu'elle avait réalisé que son plan était parti en miettes et qu'elle était tombée amoureuse en retour. Une telle chute qu'elle en avait eu le souffle coupé, l'esprit retourné ; ne savait plus quoi penser face à eux, lorsqu'elle se retrouvait à les regarder si sincèrement, à chercher le moindre détail d'eux à se remémorer, comme elle le faisait à présent. Ce n'était que le rappel du piège qu'elle avait tendu et qui s'était refermé sur elle, et la délivrance aussi que ça lui avait apporté d'être aimée et d'aimer en retour, sans devoir créer des belles paroles. La présence de Thane suite à ce contrat et les mots échangés ne lui rappelaient que cette dure réalité où elle avait échoué dans son plan ; cette douce réalité où elle avait pu vivre comme peu de gens le faisaient.

-Hmm, je me disais juste que je suis toujours la plus jolie du groupe. Mais je dois bien admettre que l'âge ne te va pas si mal que ça, elle avoua en penchant sa tête sur le côté, un sourire en coin.

C'était un plaisir et une terreur de les voir vieillir. Un plaisir parce que les Crocs avaient accompli tellement de quêtes périlleuses, en frôlant quelques fois la mort ou en étant assez amochés pour se créer une frayeur, que c'était rassurant de les voir toujours en vie, à vieillir lentement mais sûrement. Et c'était une terreur aussi parce qu'elle savait très bien que Thane et Jasper vieillissaient normalement alors qu'elle et Pantaleon vieillissaient plus lentement de pas leur nature, qu'un jour, un écart se creuserait entre eux et qu'iels ne pourraient rien y faire, si ce n'est l'accepter.

La mort ferait toujours partie des cauchemars d'Ella parce que c'était une peur ancrée depuis l'enfance, mais c'était tout autre chose d'enfin l'avouer à quelqu'un et d'en plus lui dire ce que ça lui créait comme sentiments, lorsque son cerveau lui faisait penser à leurs morts à eux. Et bien sûr, ce qu'il retenait, c'était le menace... Elle eut un rire plus franc face à ses paroles, lisait bien dans son air la taquinerie, et ne put s'empêcher d'y aller un peu plus.

-Continue ainsi et tu ne pourras pas parler sans avoir ma divine autorisation, Thane, qu'elle l'avertit en repoussant sa chevelure bouclée en arrière, tout en le regardant de haut ; l'air typique des fiels qui considéraient le reste du monde comme des cendres sur lesquels marcher. Eh bien, c'est vrai qu'il passe déjà tout son temps à me mater, mais il commence à manquer d'excuses pour justifier ses divagations intempestives sur ma personne.

Comme si Jasper avait besoin d'excuses pour poser ses yeux sur quiconque qui lui plaît. Son excuse c'était que tout le monde méritait qu'il posa son regard dessus, que tout le monde avait une beauté unique et... et de temps en temps, elle roulait des yeux en entendant ça et une pointe de jalousie se montrait ; c'était rare mais ça arrivait, certainement parce qu'elle était certainement effrayée de se faire remplacer dans le cœur de Couleuvre.

Tw : Sexualité, sensualité.

Elle est mordante la Vipère, même en cet instant, elle ne semble pas contente du déroulement de la situation. De venin à venin, tu ne laisseras pas Ella être la seule à savoir mordre. Un point commun, on ne peut pas toujours vous faire confiance. Alors que votre danse commence.

Tw : Sexualité, sensualité.

Essoufflée, elle se laissa totalement retomber contre le sol, ses cuisses redescendirent alors que ses mains capturèrent celles de Thane, en quête d'un peu de douceur, d'un peu de temps encore à côté de lui avant de retourner au point de départ et retourner auprès de Panta et Jasper. Regard tendre dirigé vers le syràn, elle détestait ne pas être maître d'elle-même et aurait préféré garder un air suffisant sur le visage ; sauf qu'elle l'aimait et que ça faisait longtemps qu'elle avait plus constaté qu'il était foutrement beau quand il était à elle. Alors elle dit très peu de mots et confina les émotions qui la traversaient, profitant de ce silence qui était la bienvenue.

... Maintenant qu'elle songeait au silence, elle était presque sûre que la moitié de Shëviwall venait de l'entendre et que de par sa nature de fiel, on viendrait très vite à la conclusion qu'elle était une dépravée ; rien de nouveau sous le soleil pour Ella, qui se dandinerait volontiers devant ceux qui diraient ça.