you're already gone (w/ Thane)

L'air glacial sur ton visage; les yeux qui piquent, les joues que tu ne sens qu'à moitié. Le froid est mordant, impardonnable. Assez pour que vous soyez obligés de vous arrêter au port après seulement quelques jours de route.
C'est arrivé en quelques heures. Il ne faisait pas chaud, mais le climat ne tentait pas d'assassiner tout le monde non plus. Tu crois que le temps suit tes sentiments. Nuages apportés par la lourdeur de ton coeur. Une fin que tu sens proche ; trop proche. Tu n'es pas prêt. Tu ne le seras jamais et pourtant, tu sais aussi que cette fin est inévitable. Peut-être que le mieux à faire est de partir en premier ; mais tu ne peux pas. Pas alors que tu t'es trouvé un bout de famille perdue. Pas alors que ton destin semble tout tracé. Il file droit, nœud par nœud, brise tout sur son chemin.

La mer a emporté ton coeur.
Voleuse.
La mer compte repartir avec une partir de ton âme.

Il y a un gout de trop tard. Le bateau est amarré au port sous les ordres. La nuit s'approche ; il vous faut trouver un endroit pour dormir. Tu n'as pas vraiment envie de quitter le navire. Cette impression que si tu mets un pied en dehors, le rêve éclatera en morceaux.
Le vent souffle plus fort dans tes boucles brunes, tes pieds suivent le mouvement. Le bout de ton nez est rouge, tu le sais, mais pour une fois, ce n'est pas l'alcool.
Jambe dans le vide, tu t'es installé sur la poulaine pour pouvoir observer le reflet de la lune dans l'eau en contrebat.

L'équipage est déjà parti, ils n'ont même pas du remarquer ton absence. Tu profites du calme, du vent frais contre ta peau, du froid mordant, de tes yeux qui piquent. Les larmes ne coulent pas. Pas encore.

La mer n'est pas cruelle.
Divinité dans laquelle tu places toute ta confiance.
Mais la mer est jalouse.
Possessive des choses qu'elle a acquise.
Elle ne te le rendra pas.

Tu sais pourtant que tu n'es pas seul. Quelque part, Thane doit rassembler les quelques affaires. Il aime voyager léger, vagabond qu'il est.
Et tu es un poids avec lequel il ne s'encombrera pas.

Les planches craquent, bougent, suivent le mouvement de l'eau. Les vagues se brisent contre le bois du navire. Tout est calme et tout cela pourrait te bercer, assez pour t'endormir là où tu es. Enfant des ports, tu es né non loin de l'océan, les pieds dans l'eau, choyé par la marée.
Enfant élevé dans l'amour, te voilà bien loin de ta famille. Enfant entouré, te voilà bien seul.

Les bruits de pas s'approchant de toi ne te surprennent pas ; mais tu ne bouges pas. Refuses de le regarder. Gorge serrée et coeur brisée. « Alors ? » tu murmures, suivant le rythme des flots. Il sait. Tu sais. La mer ne lui convient pas. Dame Océan ne l'aime pas. Il va partir. « As-tu assez de vivre au moins ? » façon d'oublier tout ça, de faire la part des choses. Tu pleureras plus tard. Quand il ne se retournera pas.  

La mer, celle qui te donne fait perdre la tête, mais pas dans le bon sens du terme. Une entente qui ne dure que pour les beaux yeux de Jasper, car ton cœur voudrait rester auprès de lui, mais ton corps te ramène à la dure réalité des choses, la terre te manque.

La fraicheur qui brûle ta peau t'offre une sortie de secours pour retrouver la terre ferme. Le bout des doigts qui gèlent, ton être est presque aussi froid que ton cœur en ce jour. Alors que la plupart partent, qu'ils profitent de leur soirée, tu récupères le peu d'affaires que tu as. Chaque objet que tu ramasses te pèsent plus qu'ils ne le devraient. Tu récupères tes regrets, dans un silence qui te semble interminable. C'est rare.

" Ce n'est pas la première fois que je fuis. Pourtant, ce soir, je sais que je le regretterais."

Tu te claques doucement les cuisses comme pour te faire bouger. Comme paralysé à l'intérieur. La fraicheur de la nuit qui n'aide pas quand tu sors enfin de ta cachette. Il est là, tu peux sentir qu'il sait, simplement en voyant sa posture, le fait, qu'il ne te porte aucun regard. Le cœur se serre. Les regrets. Tes pas te guident jusqu'à son dos, alors qu'un frisson parcourt ton dos, presque à t'en hérisser les écailles.

" Hm? Il fait froid." Tu joues les idiots un instant, le regard qui fuit au large, avant de prendre position sur la lune. Un rire qui glisse entre tes lèvres, alors que tu viens doucement passer ta main sur son épaule, la faire lentement glisser sur son torse, la poser sur son coeur. " Oh. Je devrais m'en sortir. La vie continue. Je crois." Tu laisses un silence un instant. "... Si tu parlais de nourriture j'ai assez oui."

La blague est mauvaise, mais tu ne sais pas agir. Cette impression que le monde est si grand, que la mer est si vaste, que ce soir est un adieu. Tu n'oses pas bouger plus, par peur qu'il disparaisse en un instant. Un dernier moment, un instant pour t'excuser, à ta façon.

" J'aurais adoré aimer la mer autant que toi." Tu ne diras pas, que tu parles d'aimer la mer autant que tu l'aimes lui. Pas de l'amour que Jasper a pour la mer. Tu restes à fixer le ciel, le cœur serré, l'impression de perdre définitivement pied. Please, take me back to the night we met. Tes doigts qui serrent peut-être un peu trop fortement ses vêtements. Tes gestes parleront plus que tes mots.

Il se glisse dans ton dos, serpent se faufilant sans un bruit. Tu crois que si tu n'avais pas senti sa main se poser sur ton épaule, tu aurais cru à une hallucination. Peut-être qu'une hallucination aurait été meilleure.
Une main contre ton coeur et tu relèves la tête, juste une seconde. Il fixe le ciel, regard contre la lune, vieille amie. Peut-être cherche-t-il un peu de compagnie, un visage familier pour le rassurer. Tu connais Thane : tu le connais mieux que tu te connais toi même. Il n'est pas discret, sauf quand le moment le demande ; il aime parler, combler le silence par une blague nulle dans l'espoir de détendre l'atmosphère. Tu sais que cette fois-ci, plus que jamais, il va te raconter une connerie.
Toi, ton regard retourne sur le reflet de l'astre dans l'eau. Quelques vagues viennent briser cet effet miroir et tu n'en es que plus heureux. Premier baiser entre Dame Océan et Vumis, déesse du ciel. La poésie n'a jamais été ton fort et pourtant, tu peux voir l'ironie dans vos regards qui s'évitent pour mieux trouver la même cible. La lune ne vous aidera pas. Elle ne le fera pas rester ici, sur ce bateau, à tes côtés ; elle ne pourra pas t'obliger à le suivre, malheureusement. Pourtant, elle se fait présente réconfortante, œillade maternelle pour un soutient qui vient de loin.

Elle est là, la blague. Thane dans toute sa splendeur. Tu as envie de rire. Ou bien est-ce l'envie de pleurer ? Qu'importe, tes yeux piquent quelques secondes et tu es obligé de renifler.
Il est si proche et si loin. Physiquement, sa main ne lache pas ton coeur et tu penses même qu'il va emporter une partie dans son départ ; tu en es certain. C'est pas grave, tu lui donnerais ton palpitant en entier. Prend tout, Thane. Mais tu dois me promettre de revenir un moment pour combler tous les cratères que tu as formé.

Il y a quelque chose de plus dans ses mots, comme une formulation cachée. Un tu-ne-sais-quoi qui te donne autant envie de le frapper que de l'embrasser. Il parle et parle, Cobra, maniant les mots comme s'il cachait un secret derrière chaque lettre. Habile au combat, maladroit lors des situations tragiques ou intimes, mais bon quand il s'agit d'utiliser sa langue. Dans tous les sens du terme.

« Tu es toujours aussi nul pour les au revoir, Thane. » tu finis par lâcher, le rire qui échappe entre tes mots est petit et acide dans le fond de ta gorge serrée. « La mer n'est pas pour tout le monde, malheureusement. Je le comprends. » Tu tentes de te faire plus froid. Détaché. Cela n'a jamais été ton rôle et aujourd'hui encore, c'est loin d'être ton fort. Tu redresses le visage cette fois, un sourire aux lèvres quand tu croises enfin ses yeux sombres. « Pantaleon aurait détesté. On sait qu'il ne serait pas resté aussi longtemps que toi, Cobra. » C'est au tour de ta main de se glisser contre ses côtes, se faufiler contre ce tatouage que tu connais par coeur, que tu pourrais retracer par dessus ses vêtements.

Tu connais déjà la suite. Tu pleures déjà sa présence. « Est-ce que je pourrais te retrouver ? » Tu sais que non. Tu sais à quel point une fois sur terre, Cobra est impossible à localiser. Pourtant, pister a toujours été ton rôle. Pourtant, tu aimerais trouver mille et une excuses, milles et une questions à lui poser pour reporter toujours un peu plus sa fuite avec la plus grande partie de ton coeur.

Ton cœur se fend, une plaie de plus lancé par les mots d'un homme qui compte tant à tes yeux. Tu ne respires plus pendant un instant, tu ne bouges plus. Comment pourrais-tu lui promettre une telle chose. Alors tu restes silencieux à ses mots, pas parce que tu ne veux pas revenir à lui, mais parce que tu ne peux lui promettre que la vie t'épargnera pour la suite. Un job qui peut créer beaucoup de conflit, beaucoup d'ennemis, des lendemains incertains. Tu espères, mais tu ne promets rien.

Tu souffles un léger rire quand celui-ci ose dire que tu ne sais pas dire au revoir. Il faut avouer que c'est le cas, mais personne n'a vraiment le droit de le blâmer dans ce petit groupe qu'iels ont pu former. " J'aurais préféré me fondre dans l'ombre, mais... tu méritais mieux." Tu ne peux pas te résoudre à partir comme un voleur en le laissant seul derrière toi. Déjà abandonné par deux fois de la sorte, tu prends ton courage à deux mains pour vivre un dernier moment avec lui, aussi dur que cela puisse être. Tu souffles un léger rire à ses mots, qu'est-ce que tu peux la détester à cet instant la mer. Pourquoi il a fallut que l'un de vous l'aime autant, quand l'autre ne supporte pas d'être bloqué dans un même espace. " Pantaleon aurait vraiment pas passé un bon moment. Même si je n'aime pas être en mer, rester avec toi... c'était tout ce que j'aimais." Un soupire long, appréciateur, qui montre que cette attention te détend un peu. La douceur de ses gestes qui te font encore plus regretter ton départ. Tu fermes les yeux, un instant, pour reprendre ton sang froid, pour cacher à quel point c'est douloureux, pour cacher la lueur dans tes yeux. Retenir tes larmes avant qu'elles ne coulent.

Cette question qui te brise un peu plus, tu ne sais pas quoi lui répondre de nouveau. Alors tu viens doucement te glisser à ses côtés, pour être à sa hauteur, même si tu ne te tournes pas dans la même direction que lui. Pas question d'avoir les pieds dans le vide au dessus de l'eau. Tu reviens trouver un contact en laissant ta main filer sur son ventre, tracer un chemin jusqu'à sa taille, lentement, l'impression que ce supplice dure une éternité. " Si j'étais facile à retrouver je serais vraiment un très mauvais assassin."  Tu souffles un doux rire, rien d'amusant ici, mais tu ne sais pas gérer. La tête tournée vers Jasper, tu l'admires autant que tu peux, tant pis, si ce fichu regard est plus brillant que d'habitude. " Je te promets, que si on est à proximité, je me montrerais. D'une façon ou d'une autre." Tu ne promets pas le contact, tu promets de prouver que tu es là. " Tu sais bien que... Je ne peux rien te promettre de plus Jasper. " Ton regard cherche autour de vous, histoire de vérifier qu'il n'y a personne d'autres, toujours sur tes gardes, quand vous n'êtes que tous les deux, tu as toujours su dire les choses. A ta façon, mais tu sais mieux d'exprimer quand le monde n'est plus qu'une bulle. " Je n'ai pas envie de te quitter. Laisser filer un si bel homme, je suis vraiment un idiot." C'était un bon début, dommage que tu te sentes obligés de rire pour cacher à quel point c'est trop pour toi.  Ton regard porté de nouveau sur le ciel, la tête penchée à son maximum tu es à deux doigts de chavirer corps et âme.  " Promets moi de prendre soin de toi autant que ta maladresse te le permet..."

If you can brave it,
I can brave it
Brave it all for you

C'est injuste. Le monde est profondément inique et tu pourrais pleurer; tu pourrais hurler. Il est là, contre toi, Thane. Son coeur si proche du tien et ton âme semble avoir du mal à le lâcher, du mal à abandonner. Pour le coup, tu ne sais pas si tu n'aurais pas préféré qu'il s'en aille s'en rien te dire, sans mot, sans se retourner pour mieux laisser ta carcasse au milieu des pirates.
Tu te mens ; tu ne lui aurais jamais pardonné. Savoir qu'il fait tout cela pour toi, lui qui déteste les aurevoirs plus que n'importe quelle créature, n'importe quelle région, il se force pour que tu puisses faire le deuil de tout cela.

Tu ne pourras pas, tu le sais déjà. Impossible pour toi d'oublier ton compagnon d'infortune, impossible de ne pas pleurer sa perte une fois qu'il aurait posé un pied à terre. Il est déjà trop loin ; la décision est déjà prise et c'est bien trop tard pour toi. Pour vous.

Ce n'est pas grave, vous en avez vécu des aventures ; qu'elles soient au milieu des rires ou des larmes, forêts ou mers, seules ou accompagnées. Ce n'est pas grave, parce qu'il te promet qu'il te fera savoir où il est. Ce n'est pas grave, Jasper.

je ne peux pas te promettre plus.
Rester avec toi c'était tout ce que j'aimais.
Je n'ai pas envie de te quitter.

Oh, tu n'as pas envie de le quitter non plus. Visage baissé, tu maudis la mer, maudis ton amour pour l'eau ; quelques prières lancées à Dame Océan que tu scelleras de larmes. Tu n'as pas envie qu'il parte, qu'il s'en aille avec une partie de ton coeur. Il fuit en emportant avec lui ce qu'il y a de bon en toi, ce qu'il y a de plus coloré.

Vipère et Python sont partis rejoindre leur nid. Tu avais l'espoir, naïf et enfantin, que Couleuvre et Cobra resteraient. L'espoir qu'il ne partirait jamais.
L'abandon. L'abandon te fait toujours autant souffrir ; tu te demandes un instant s'il ne s'agit pas d'une malédiction. Ta main libre contre ta gorge ; peut-être que ses saletés de sorcières ont demandé à leur chaleureuse divinité de poser sur tes épaules un châtiment. Ou bien est-ce à ta naissance ? Après tout, même ton frère aîné est parti, ta soeur par là suite. Peut-être que ta destinée est l'exil, d'une façon ou d'une autre.

Un regard vers la lune ; si seule, frôlant à peine l'eau de ses rayon, miroir brisé par les vaguelettes. Accompagnée de mille et une étoiles ; elles ne pourront jamais s'approcher, jamais l'aimer, tout juste l'éclairer.

Yeux dans les yeux ; son regard est brillant, le tien l'est en retour. Il rit pour camoufler les sentiments qui collent à ses mots, la tristesse qui vous prend à la gorge. Il se laisse aller grandement, dangereusement, et tu n'as jamais été le meilleur dans l'équilibre ; mais pour lui, pour Thane, tu y mettras toute ta concentration.

Dos contre dos, vos sourires se rencontrent enfin. Tu pourrais lui promettre la lune, s'il te le demandait ; lui promettre de rester en vie et de te battre à mains nues contre Fimjir pour respecter ta promesse. « Je vais prendre soin de moi. » Il s'inquiète, tu peux le voir. C'est sa façon de te demander d'aller bien. Tu n'iras pas bien ; mais tu peux faire semblant comme un chef. « Tu es effectivement un idiot, je ne suis pas certain que tu trouves un homme aussi merveilleux que moi. » Tu continues avec un clin d'oeil ; excuse pour chasser quelques traitres larmes qui n'ont pas encore fuit le bleu de tes yeux. « Promets moi de prendre soin de toi, Thane. Promets moi de tout faire pour rester en vie. » Demande plus sérieuse ; ta vie sera pleine d'aventures, pleine de périples à venir, mais la sienne le sera plus encore. Il mérite de vivre. Il en est obligé, tu feras tout pour.

Avant qu'il puisse te répondre, tes lèvres rencontrent les siennes. Baiser rapide, maladroit, dans une position bien compliquée à tenir sans que vous tombiez tous les deux dans l'eau absolument glaciale. Les sentiments sont vifs, entre vos lippes. Si parfois, une larme salée rejoint la commissure de tes lèvres, tu ne dis rien, ignorant totalement la façon dont ta gorge se serre, la façon dont ton coeur se brise.

C'est injuste. Tu as envie d'hurler sur cette injustice, envie de pleurer sur ce qu'il te reste de coeur, envie de lâcher les sanglots à jamais enfermés dans ta poitrine, fermement attachés entre tes côtes, parce que tu n'es pas certain de pouvoir te relever si tout cela sort enfin.

Deuil de toi.
Deuil de vous.
Deuil d'une histoire qui aurait été la plus merveilleuse.

Tu as peur de quitter ses lèvres, peur que la fin du baiser signifie aussi la fin de vous. Alors tu traines, traines le plus longtemps possible, attrapes mieux son corps pour attaquer ses lippes. Tu préfères ne pas respirer plutôt que de le lâcher.
Mais ce n'est pas possible. Pourquoi n'es-tu pas Fiel, avec un maudit sort pour augmenter la taille de tes poumons ?
Pourquoi n'est-tu pas Fiel, avec un maudit sort pour diminuer la taille de ton coeur, l'enfermer dans quelque chose qui ne pourra jamais être brisé, trop froid, trop dur.

Tu reprends ton souffle, les yeux fermés, sans plus bouger. Dame Océan se moque-t-elle de toi, ou bien pleure-t-elle avec ton palpitant ? « Promets moi que la prochaine fois qu'on se voit, c'est comme ça que tu vas m'accueillir. » Tu murmures sans réellement t'éloigner, sans vouloir le quitter. C'est une promesse qu'il ne pourra pas tenir mais tu as l'espoir, toujours aussi naïf et enfantin, qu'il le fer. L'espoir fou qu'il brisera quelque chose en toi pour mieux te repérer, te reconstituer.

Promets moi la lune, Thane.
Promets moi que comme Dame Océan et Vumis, toutes les lunes, nous nous frôleront pour mieux nous quitter.

Aujourd'hui tu aimerais lui demander de t'épouser pour de vrai, pas forcément pour que ça se réalise, juste histoire d'adoucir ce moment. Marry me. Ca serait si simple à placer dans la conversation, si simple de lui faire oublier tout ça, si simple de faire diversion. Pendant que l'idée de fuir cette douleur par une demande qui se veut habituellement n'être qu'une simple blague, cet idiot te promet de prendre soin de lui et ça te suffit presque. Tu as confiance en ses promesses, confiance en lui, en ses mots. Votre monde s'écroule, mais tu te sens un peu rassuré, puisqu'il va au moins essayer, tu lui demande que de faire de son mieux. Tu souffles un doux rire, alors que Jasper a réussi à te faire vraiment sourire avec sa réponse. " Je le sais... C'est bien pour ça que je regrette déjà mon départ." Un soupire qui glisse entre tes lèvres, même si s'est dit de façon calme, les mots sont de nouveaux tristes et la suite n'aide pas. L'autre serpent cherche réellement à te faire promettre des choses que tu ne peux pas. Tu sais qu'à chaque contrat, tu fais un pas de plus vers la mort, vers une fin qui ne t'effraie pas. ici, peut-être qu'il te fait comprendre que ça ne joue pas que sur toi, ta mort. Tu comptes pour quelqu'un. Tu ne veux pas réellement y penser, mais lui le fait pour toi. Le baiser te sort de tes pensées, alors que tu souhaitais lui avouer quelques choses. La sensation que la chute n'est pas, que vous pourriez tomber, mais tu fais attention. Sentiment qui se veulent vif, brut et à la fois terriblement tendre. La position n'est pas la meilleure, mais tu n'en a rien à faire.

Le sel de ses larmes te brisent un peu plus, rendant lieux à une rencontre entre votre tristesse mutuelle. Tu n'as pas réussi à rester fort. Tu profites de l'instant où il garde  les yeux fermé pour effacer tes larmes, maladroitement, dans l'espoir qu'il ne voit pas ça. Même si Jasper est celui avec lequel tu as le moins caché tes sentiments. Ceux-là, tu ne les partageais même pas avec toi-même. Tu es perdu, prit dans des sentiments trop fort, trop difficile à gérer. Ses mots te frappent un peu plus, alors tu viens t'éloigner un peu, pour ensuite tendre la main vers lui. Peut-être une promesse que tu pourras tenir. " Tu sais qu'il faudra... quand même me montrer que tu veux de moi?" Parce qu'il sait Jasper, que tu ne te sentiras jamais assez bien pour eux. Chaque Serpent n'est qu'un rêve que tu n'oses pas effleurer un peu plus. Toujours peur que tout s'arrête, ce soir c'est le cas, mais l'espoir vivra toujours en toi, cet espoir que peu importe la distance, peu importe le temps, vous vous retrouverez comme avant. " Je ne suis pas le plus doué pour mentir, ni le plus sage, ni celui qui peut te promettre la moindre chose, mais je ferais de mon mieux pour te revoir. " Tu renifles un peu détournant le regard, regardant totalement partout parce que tu essaies de gérer ton coeur. " Je sais que la mer ... nous séparera toujours. Je la déteste, mais je chéris chaque instant que j'ai pu vivre avec toi." Tu attends qu'il prenne ta main pour venir l'attirer à toi, plaquer ta main sur sa joue et l'embrasser avec une passion dévorante, ça ne t'étonnerait pas que la mer te fasse chavirer, mais si c'est pour que Jasper te tombe dessus ensuite, tu serais prêt à tomber avec lui sans soucis.


Let me fall for you again for the thousandth time.
I love you.

Thane a toujours été celui le plus discret sur ses sentiments ; Ella les cachait, à sa façon, faisant diversion, couronne et son air royal en bouclier face à ce que vous pouviez représentez les uns pour les autres. Panta était bien plus ouvert, avec sa force tranquille, les sourires faciles ; et bien entendu, tu as toujours été démonstratif. Sous une bonne couche d'humour, tu es tactile, à la tendresse contagieuse, t'adaptant à chaque besoin de tes amours.
Aujourd'hui, tu ne lui demanderas pas d'être sérieux, tu ne lui demanderas pas non plus d'être plus honnête. Ton monde s'écroule, mais ce serait bien pire si Thane changeait pour vos derniers moments. Le besoin de familiarité, de se conforter dans des comportements connus, maîtrisés. Entre vous, l'humour et la diversion fonctionnent en tandem, accompagnés d'une bonne dose de maladresse et d'amour.

Il ne te demande pas non plus de juger et pour cela, tu lui en es déjà reconnaissant. Tu ris, pleures, l'embrasses. Il ne te demande pas de le suivre, parce qu'il te connait, certainement mieux que toi-même. La mer est un poison, sirène au chant emprisonnant ton coeur et ton âme dans une étreinte que tu n'as pas envie de quitter. La terre, l'aventure, voilà le poison de Thane. Il reste un assassin, venin sur la pointe de ses flèches ; tu penses que l'antidote se trouve sur ses lippes, dans l'échange dans un baiser désespéré mais il n'en est rien. La mer continue de chanter et de demander ton âme ; la terre perdure à quémander son corps et son sang.

Tu peux le sentir bouger, effacer ses larmes, et tu lui accordes ce moment avec lui-même, sans ouvrir les yeux. C'est douloureux ; c'est terrible. Cette sensation de prendre la bonne décision, mais que la bonne décision est aussi la plus douloureuse, la plus déchirante. Tu ne regrettes pas, pas cette fois ; parce que tu as trouvé une troisième famille, sur ce navire, la possibilité de commencer une nouvelle aventure, d'apprendre des nouvelles choses, découvrir un monde marin qui t'avait terriblement manqué.
Les Crocs ont été et seront toujours ta seconde famille ; la première dans ton coeur. Les Crocs, tu ne pourras jamais les oublier, même si tu le voulais. Pour Vipère et Python, les années n'étaient peut-être qu'un petit pan de leur vie, vu leur age respectable, mais ce n'est pas le cas pour Couleuvre et Cobra.
Quinze ans; quinze ans, c'est un petit peu moins que la moitié de ta vie, simplement toute ta vie adulte. Où seras tu, dans quinze ans ? Tu ne sais pas, tu espères vieux et heureux, mais au vu de la direction que prend ton avenir, tu espères au moins vieux et en vie.

Une main tendue vers toi, pleine d'espoir, pleine de promesses. Tu voudras toujours de lui, derrière cette couche d'insécurité, cette pensée maladive qu'il est assez bon pour personne, le Syran. Oh, pas un seul instant tu penses ne plus vouloir de lui. Tu es pitoyablement amoureux ; assez que pour continuer à l'aimer même s'il lui prend l'idée de te cribler de flèches, d'attenter à ta vie, de te trancher la gorge.

Assez que pour le laisser partir.
Pour lui offrir cette liberté.

Te revoir. La voilà, la plus belle des promesses, la plus lumineuse des nouvelles. Tu feras tout pour le revoir, trouver un moyen de le rejoindre où qu'il soit. Tout, tout pour celui que tu aimes, pour ceux qui sont partis en emportant une précieuse partie de toi.

Tu attends le fin de ses mots, pour mieux admirer son discours, fondre sous chaque phrase. Il te le promets et c'est bien plus que ce que tu espérais ; alors enfin, tu prends sa main, entrelaces vos doigts et tu te laisses tirer dans un second baiser. Tu arrives même à le retenir, les quelques vagues qui viennent secouer la navire sont faibles mais bien présentes et tu ne peux t'empêcher de sourire. « Merci pour ses souvenirs. Merci pour ses années. » Tu murmures finalement, front contre front. « On se retrouvera. Je te le promets. Rien ni personne ne pourra se mettre entre nous, même pas toi, monsieur l'assassin. » Ta voix est tendre, l'air amoureux qui ne quitte pas tes traits.

Tu te redresses, sans jamais lâcher ses mains. Tu remercies la divinité responsable de ton pied marin ; sans ça, vous seriez déjà dans l'eau, trempés et refroidis. « Si tu ne pars pas maintenant, je ne te promets pas de te lâcher Thane. » Tu murmures en posant un tout petit, innocent, léger baiser au coin de ses lèvres.

Il te manque déjà.

Il te manque déjà ; pourtant, tu ne le laisses pas réagir alors que tu viens pousser sur ses épaules, aidé d'une vague traitresse, pour le faire basculer dans l'eau en contrebas.

Il survivra ; il a déjà surpassé bien pire, votre Basilic préféré.
Est-ce que toi, tu survivras ?
Tu y crois.