i like the way you kiss me (jasper)

Les lumières de la cité portuaire ne sont qu'une brève et éphémère luciole sur fond bleu nuit, un lointain paysage que tu ne peux t'empêcher d'observer. Il n'y a pas un bruit alentours, hormis celui entêtant de la braise du feu que tu surveilles peu ce soir, il ne fait pas excessivement froid, et tes amours sont blottis l'un contre l'autre sous la couette. Un campement sommaire, et un sourire sur tes lèvres tandis que tu poses sur leurs corps le poncho que tu avais encore sur les épaules afin qu'iels soient plus confortables. Thane échappe un ronflement, si léger que tu dois être le seul à le percevoir, tandis que les deux autres continuent leur nuit comme si de rien n'était. Tu n'as pas le cœur à réveiller Jasper qui est censé prendre son tour de garde, mais tu n'es pas fatigué, et il a besoin de repos. Tu repenses à la journée, à cette mission plus que sommaire qui a eu lieu et vous a fourni gîte et couvert la veille, mais rien de plus pour ce soir. La bougeotte, et le besoin de remplir vos poches de monnaie sonnante et trébuchante vous a remis sur le chemin d'Orveil, la cité portuaire. Par moments, tu as l'impression d'entendre le bruit des vagues, mais tu l'imagines plutôt. Une bonne bière, un bon ragoût de poisson, voilà ce dont tu as envie, voilà ce qui fait gargouiller ton ventre d'anticipation. Il y a pourtant encore quelques heures de marche, et tu n'es pas pressé. Assis sur un tronc d'arbre tombé lors certainement d'un orage plutôt violent, tu as vue sur le feu qui commences doucement à perdre son éclat, et tu hésites à aller le raviver. Ce n'est jamais très prudent de faire un feu et de le maintenir en pleine nature, mais te retrouver dans le noir complet ne t'attire pas, et ne l'a jamais fait. Trop de créatures se cachent dans l'ombre vive. Sourire au coin des lèvres, tu le laisses néanmoins continuer sa course vers la chute, reprenant ton observation des environs. C'est calme, comme endroit. Calme et doux, et le léger vent qui s'envient emmène avec lui l'odeur saline légère si caractéristique des étendues d'eau. Genoux ramenés à toi, tu poses ta main sur le tronc d'arbre, essayant de te maintenir en équilibre et garder un peu de chaleur corporelle. Couvant un regard lascifs à ces âmes endormies, tu laisses tes pensées divaguer dans d'autres lieux.

Attentif aux bruits divers de la nuit, tu entends avant de percevoir le mouvement de l'un de tes amours. Pose le regard sur lui, qui se lève et s'extirpe du cocon avec une aisance que confère l'habitude et ne peut t'empêcher de sourire à ses mots. C'est qu'il dormait si bien, entre elleux, que tu n'as pas eu le cœur à en réveiller un pour qu'il prenne ta place dans la nuit noire. « Tu avais l'air de faire un rêve fabuleux.. » L'espace d'un doux sourire qui s'épanche sur tes lèvres de nouveau, alors qu'il approche de toi et s'installe à tes côtés sur la buche. La facilité avec laquelle il parvient a ne pas réveiller les deux autres quand il se lève t'impressionne toujours : tu n'en es pas capable. A chaque fois que tu te retrouves au milieu, il t'es presque impossible de ne pas réveiller quelqu'un d'autre en même temps que toi. Il s'installe avec sa grâce de chat, se pose tout contre toi et tu sais ce qu'il essaie de faire - ça te rassure. Un regard vers le feu qui baisse, qui n'illumine encore que quelques braises, tu sais qu'il n'a pas tort de te proposer d'aller ramasser quelques brindilles. Pourtant, tu hésites, parce que même s'il n'y a pas l'air d'avoir de danger proche, tu détestes l'idée de te retrouver dans le noir presque complet. « Oh oui, elle ne faisait pas la maline ce jour là! » Tu lâches en riant, te reprenant de justesse pour ne pas rire trop fort. Tu te rappelles très bien son air renfrogné et ses cheveux qui régulièrement s'emmêlaient avec les tiens - certaines mèches n'ont pas tenus quand il a fallu la faire descendre de ton dos. « Je pensais qu'il tiendrait quand même jusqu'au matin. » Mais le feu c'est capricieux et la nature tout autant, si Jasper ne s'était pas réveillé le feu aurait fini par s'éteindre de lui même avant l'aube. Et si pourtant la solution serait en effet de te lever et d'aller chercher du bois avant qu'il s'éteigne, tu ne peux t'empêcher de rester assis quelques instant de plus. Difficile de faire venir la motivation quand c'est quelque chose que tu redoutes, même si c'est rendu plus simple par la présence de Jasper. Une grande inspiration, tu décolles ta main de la bûche pour déposer ta main sur la sienne, quelques instants, quelque courage grappillé. Tu finis par l'agripper et l'approcher de ta bouche pour y déposer un baiser. « Il faut. » Te lever, et aller chercher du bois, mais tu restes assis et ne lâches pas sa main. Aucune volonté quand il s'agit d'une escapade dans le noir complet, mais tu finis par t'en convaincre et te lever au bout de deux minutes de tergiversations interne. Tu sais qu'il sait, mais peu importe. « Plus vite on trouvera le bois plus vite on pourra revenir ici. » Lances tu comme pour achever de t'auto-convaincre.

Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu redoutes la nuit, mais tu sais que seul un idiot n'aurait pas un minimum d'appréhension face à son immensité et ses secrets. C'est ce qui te rassures, au fond, de savoir que t'es pas le seul à craindre, et pas seul tout court. Ses doigts contre les tiens, c'est sa présence qui finalement te fais bouger. Comme souvent, tu as besoin d'un petit coup de pouce pour te motiver à te mouvoir dans l'obscurité nocturne. Debout, tu ne fais pourtant pas grands pas tant qu'il n'a pas terminé de parler aux rongeurs avec qui il a partagé une partie de son repas tout à l'heure. Une capacité tout à fait charmante et qui, aussi, est d'une utilité déconcertante. Certes tu ne penseras jamais qu'un rongeur saura protéger ceux que tu aimes de toutes les menaces, mais de savoir qu'ils surveillent donne un peu de répit et vous permets de vous éclipser quelques minutes ramasser du petit bois. Il revient enlacer ses doigts aux tiens et si le geste est naturel, anticipé, répété, cette douceur t'emballes d'un sourire caché par l'obscurité. Tu attrapes toi aussi quelques branches basses, à moitié déchiquetées par l'orage ayant déferlé sur ces terres quelques jours plus tôt, et si le bois n'est entièrement sec, ce sera déjà ça de gagné sur la vie du feu. « J'irais après avoir ramassé encore un peu.. » Parce qu'il n'est pas question de manquer cette occasion, et tu n'as pas envie d'attendre jusqu'au matin pour que quelqu'un d'autre se dévoue pour aller avec toi. « Je sais que tu en es capable. » Tu lui confierais ta vie et celle de vos amours sans hésiter, tu l'as déjà fait, et ce n'est pas les premiers tours de gardes, mais... Tu le laisses te guider, ne regardes même pas en arrière jusqu'à ce que ton dos heurte l'arbre le plus proche de vous. « Mais j'aime vous regarder dormir. » Tu murmures, à la fois boutade et réalité, avec cet instinct de protection qui demeure qu'importe l'heure et le moment. Tu es le bouclier, la parade, la diversion, l'épée. Tu ne craignais pas forcément grand chose, tu as voyagé seul des années durant, mais tu as leurs vies entre tes pattes drues, et c'est une toute autre paire de manches. « Quelques minutes seulement, tu dis ? » Le sourire ne quittes plus tes lèvres depuis un moment, mais il s'éclaircit encore à l'idée de profiter de ces quelques instants. Plongée contre ses lèvres, ta main s'aventure sous sa tunique, mimiquant sa main contre ta cuisse. « Il faut en profiter. » Que tu dis contre ses lèvres. Petit bois qui tombe sur le sol dans un bruit sourd.

Tu n'aurais jamais cru dans ta longue vie t'en remettre à quelques mulots des campagnes, mais tu as appris au contact de Jasper, à te faire à la vie des plus petits et à ce que ces animaux peuvent apporter. Une fois, il a proposé d'utiliser des mini rapières pour équiper certains d'entre eux mais l'idée n'a pas remporté un franc succès. Tu ne te voyais absolument pas apprendre le maniement de l'épée à quelques rats d'égouts avec des cures-dents. Tu aurais essayé, pour lui faire plaisir, mais où auriez-vous pu trouver un forgeron capable de créer de telles armes ? Et acceptant de se séparer d'un métal précieux pour créer des toutes petites épées miniatures, surtout. Impossible. Pas un seul forgeron n'aurait accepté, tu en es sûr, et si la mine déçue de ton amour ce jour là t'a retourné le cœur, tu n'es pas forgeron, tu n'aurais même pas pu essayer. Tu n'exclus pas pourtant d'un jour trouver quelqu'un d'amusé par l'idée et qui ne vous remballeras pas comme des malpropres mais en attendant, les rats, c'est surtout pour pouvoir courir vous prévenir du danger pour que vous rappliquiez illico presto. A cette pensée tu touches discrètement le pommeau de l'une de tes épées, toujours à ton côté, la seconde est posée avec le reste de ton équipement au campement. Lâche à ta ceinture, ta garde est tout aussi baissée avec Jasper qui te guides - et tu n'entends aux alentours que votre respirations et vos pas sur l'herbe et la terre. Il n'y a pas besoin d'avoir une forte sensibilité auditive pour se rendre compte de ton cœur qui bats plus fort, témoin de cette envie qui t'animes, de ce plaisir que tu as à le voir prendre l'initiative. Charmé, grisé, ta main remonte et s'arrête contre son torse une seconde quand il dévore du bout des dents, reprenant sa route de caresses. Tu voudrais enlever sa tunique, le mettre à nu comme il te fait frisonner, mais tu relâches le tissu brusquement : ce n'est pas le moment de la lui arracher, tu sais que c'est déjà la tunique de rechange. Quoique, Orveil n'est pas si loin... Ta pensée s'éraille et tu retiens à peine ton souffle quand sa caresse se fait prise et que tes gémissements ne s'étouffent que parce qu'il t'embrasse. Quelques minutes, où tu froisses sa tunique comme s'il en avait dix de rechange, manque d'y faire une déchirure au moins trois fois, et t'avachis de plus en plus sur ce tronc d'arbre, heureusement qu'il est là. Souffle court, erratique, tu te mords la lèvre pour ne pas lâcher trop prise avec la réalité mais celle-ci est loin. Fonds sur ses lèvres à nouveau, pour garder contenance et l'empêcher de faire une remarque - tu l'as vu, son sourire fier, tu l'as vu ! Sourire contre ses lèvres, tu restes ainsi quelques instants, le corps parcouru de frissons. C'est décidé, sa tunique, il en a plus besoin, et tu profites de quitter ses lèvres pour la lui enlever, juste pour le plaisir de voir son corps de dieu sous tes yeux approbateurs. Détaché de ses lèvres, tu sais que vous aviez dit que vous n'en auriez que pour quelques minutes mais il t'es difficile d'envisager de le laisser aussi peu tremblant et si peu ébouriffé. Ton regard questionne sans mots, si la raison devrait l'emporter, ce n'est pas aujourd'hui. Tes mains contre ses hanches, tu descends sur tes genoux pour venir t'amuser à découvrir et redécouvrir son corps entier offert.