FB - Hunting down ((f.t Idril))

La forêt était calme. Les feuilles bruissaient tel un murmure dans les branches au rythme doux et lent de la brise qui s'infiltrait sous les frondaisons. Le sifflement mélodieux des oiseaux se mêlait ici et là aux pas feutrés des bêtes qui, paisibles et invisibles, foulaient avec légèreté l'humus de la forêt. Perchée sur une branche, Idril écoutait chaque son qui parvenait à ses oreilles délicates. Elle humait chaque odeur, reconnaissait chaque pas. C'était sa forêt, son domaine. Elle en connaissait chaque recoin, chaque créature.

Pourtant, ce jour-là, de nouvelles notes vinrent s'ajouter à cette mélodie qu'elle connaissait si bien. Des notes dissonantes, inconnues, mais agréables, à leur manière. Idril se redressa et, d'un bond félin, sauta de son arbre pour le suivant, puis le suivant, telle une ombre. Elle suivit ces nouveaux sons jusqu'au bord d'un petit cours d'eau qui prenait sa source un peu plus loin. Cachée dans le feuillage touffu, Idril veilla à se garder du vent qui, à coup sûr, risquait de la trahir. En contrebas, elle avisa deux félins. Un tigre et un lion, ensemble. Vision inhabituelle. Les deux prédateurs se prélassaient impunément sur les berges du ruisseau, l'un poussant de temps à autre un petit feulement réprobateur à l'égard de l'autre animal.

Idril scruta les alentours à la recherche d'autres intrus. Se mouvant silencieusement dans la canopée, elle inspecta les environs puis revint sur ses pas. Les deux fauves semblaient seuls, et c'était déjà bien assez. Elle resta là un moment, perchée, à les observer. Ils ne semblaient guère agressifs, ni même hostiles. Idril se demanda comment ils s'étaient retrouvés ici. Et pourquoi. Plongée dans ses pensées, elle n'en fut tirée que par un grondement plus sourd que ceux auxquels elle avait eu droit jusqu'à présent. Elle riva son regard en contrebas. Les deux bêtes s'étaient dressées, crocs et griffes dehors. Idril ne parvint pas à apercevoir la créature qui les avait mis dans cet état, mais elle était certaine qu'elle avait pris ses jambes à son cou. Mais lorsque les deux félins se préparèrent à bondir, c'est elle qui s'élança.

Légère comme une plume, Idril s'éleva dans les airs, fouettant les branches feuillues. Comme en lévitation, elle s'empara avec adresse d'une flèche dans son dos, qu'elle encocha à la corde de son arc. Souple comme un aguara, Idril atterrit devant les fauves, roula pour amortir le choc et les mit en joue. Au moindre signe d'hostilité, elle se préparait à décocher son trait mortel. Un cri l'en dissuada, sans pour autant lui faire baisser sa garde. « Att... Quoi ?! » fit-elle en hochant la tête, quelque peu décontenancée. « Ils sont à vous ces deux fauves ? »

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Ses amis. Amis. Le mot résonna dans son esprit. Elle était une elfe, elle ne devrait pas être surprise, Idril. Pourtant, elle l'était. Un peu. Car lorsque l'étrangère s'approcha, il lui sembla évident que toutes deux ne partageaient pas la même race. La brune vint se placer à sa hauteur, silencieuse. Idril détendit la corde de son arc, mais resta aux aguets. Elle l'observa s'avancer vers les deux animaux, qui parurent gagner en calme à mesure qu'elle s'approchait d'eux. La lueur prédatrice qu'Idril avait perçue au fond de leur regard disparaissait. Finalement, lorsque l'inconnue les eut rejoints, le tigre et le lion ne semblaient être que deux gros chats particulièrement imposants.

Idril se détendit encore un peu plus, rassurée qu'elle était par la paix revenue. Le bruit clair du ruissellement de l'eau, le souffle dans les branches, les ronronnements satisfaits des félins, la nature environnante formait un tout apaisant. Idril ferma les yeux quelques instants, profitant de chaque seconde. Lorsque ses yeux se rouvrirent, l'étrangère s'était redressée. « Pris à m... Non. Non, non. » dit-elle en haussant un sourcil surpris. Ils n'en auraient pas eu le temps, pensa-t-elle. « Mais ça n'est pas prudent de les laisser vagabonder seuls en liberté. Ils troublent l'équilibre fragile de la forêt. » poursuivit-elle en s'avançant vers un arbre proche. Doucement, Idril posa sa paume sur le tronc noueux et sentit l'énergie qui le parcourait.

Après un court instant, Idril retira sa main et s'avança vers les intrus, sa flèche toujours encochée, mais son arc reposé le long de son corps. Un grognement félin lui fit comprendre qu'elle s'était suffisamment approchée. « Vous avez de la chance, les frontières de la cité ne sont guère éloignées, l'issue aurait pu être toute autre. » Elle ne voulait pas se montrer menaçante, Idril, et tenta d'être aussi bienveillante que possible. Elle continua, offrant un premier gage de confiance : « Je m'appelle Idril, gardienne de Shëviwall. Puis-je vous demander ce que font un tigre, un lion et leur amie dans les Bois de l'Est ? » Elle se piqua d'une curiosité contenue, Idril. La prudence restait de mise, pourtant cette situation l'intriguait et réveillait en elle quelque chose qui sommeillait en elle depuis toujours.

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Elle fit la moue, Idril. Elle lâcha un petit grognement de mécontentement à peine audible. La Troupe du Verseau. Elle la connaissait de réputation. Il lui avait suffi de voir, un jour, l'étincelle qui brillait dans le regard des gamins qui avaient assisté à la représentation pour immédiatement comprendre que la renommée de la Troupe n'était pas usurpée. Elle aurait toutefois aimé être prévenue que les artistes avaient, de nouveau, posé leurs bagages aux abords de la cité. Quelque peu exaspérée, elle se retint de lever les yeux au ciel, Idril.

« Il y a un certain nombre de créatures dans les parages, en effet. » Elle-même les chassait aux côtés des siens. Elle ne fut pas étonnée que les deux animaux se soient rendus coupables de désertion, Idril. Ce n'était, au fond, rien de plus qu'un malentendu. Malentendu qui aurait pu s'avérer malheureux, mais, heureusement, Shaynah était intervenue à temps. Idril observa d'un œil plus attentif les deux fauves, et les trouva aussitôt magnifiques, une fois passée la première impression. Il aurait vraiment été regrettable de les transpercer de ses traits.

Elle continua de se montrer curieuse, Idril. « Venez, je vais vous raccompagner sans encombre à votre campement. » Innocemment, elle continuerait aussi de surveiller les deux bêtes. Juste au cas où. Idril invita Shaynah à la suivre, ses amis sur ses talons. La petite troupe s'éloigna et, lorsque le bruit clair de l'eau se fut tu, Idril reprit : « J'imagine que vous devez avoir toute sorte de créatures avec vous ? Combien de temps restez-vous dans les Bois de l'Est ? Où irez-vous ensuite ? » Elle aurait pu continuer ainsi des heures durant. Son imagination s'envola en pensant à toutes les merveilles que Shaynah avait dû voir, sentir ou toucher. Elle se sentit un peu jalouse, Idril. Ses joues rosirent légèrement. Heureusement, les ombres des arbres masquaient sa gêne.

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